Comment mettre en oeuvre l'assurance responsabilité civile en cas de sinistre ?




Comment faire jouer l’assurance de responsabilité civile ?

Juridiquement le sinistre s’entend comme la réalisation du risque prévu dans le contrat. En cas d’accident de nature à engager la responsabilité civile de l’auteur du dommage, il convient de respecter certaines précautions afin que l’assurance souscrite puisse jouer pleinement son rôle. Avant toute chose, lors d’un sinistre, aucune transaction ne doit être passée, aucune reconnaissance de responsabilité ne doit être admise et aucune somme ne doit être payée avant que l’assureur ne soit informé du sinistre. En effet, les assureurs prévoient généralement qu’aucune reconnaissance de responsabilité, aucune transaction intervenue sans leur accord, ne peuvent leur être opposée. Par conséquent, même si l’assuré s’estime responsable, il est préférable pour lui de ne conclure aucun accord jusqu’à l’intervention de l’assureur. Ce dernier pourra au regard des circonstances décrites contester éventuellement la mise en jeu de la responsabilité (en établissant par exemple que la victime a commis une faute qui a concouru partiellement à la réalisation de son dommage).

Il incombe à l’assuré d’informer son assureur de la survenance d’un sinistre le plus rapidement possible par lettre recommandée avec accusé de réception et au plus tard dans les 5 jours qui suivent la réalisation du sinistre. Le contrat d’assurance peut accorder un délai plus long. Ce délai est ramené à deux jours en cas de vol, une prolongation est également possible. La lettre adressée à l’assureur devra reprendre les circonstances dans lesquelles le sinistre s’est réalisé, elle devra être accompagnée de tous les documents adressés par la victime au responsable (facture pour des réparations par exemple). L’intérêt pour l’assureur est de pouvoir éventuellement contester la mise en jeu de la responsabilité de son client en démontrant par exemple que l’imprudence de la victime est à l’origine du dommage, qu’il s’agit d’un cas de force majeure etc. Il a par exemple été jugé dans une affaire qu’une personne entrée dans un centre commercial, qui a été blessé par les bris de verre d’un sas vitré qu’elle avait heurté, que la responsabilité du centre commercial n’était pas totale. En effet, le client par son imprudence était partiellement responsable. Celui-ci était entré une première fois dans le centre commerciale, sortie puis entré à nouveau, c’est lors de cette seconde visite qu’il s’est blessé. Les juges ont considéré qu’il connaissait les lieux et que par conséquent une faute d’inattention pouvait lui être reprochée, faute qui nécessairement diminuait son droit à réparation.

S’agissant des objets brisés dans les centres commerciaux (bouteilles cassées etc.), il convient de préciser que les commerçants ont la possibilité de demander réparation au responsable. Toutefois, ce type de casse est en principe intégré dans leur comptabilité en tant que démarque inconnue (ils prévoient dans leurs marges bénéficiaires une somme pour les casses, vols et perte). Notons néanmoins que le client n’est pas toujours seul responsable, dans certains cas, il est en effet possible de démontrer que malgré la casse la responsabilité du client ne saurait être recherchée puisqu’une faute peut être reprochée au magasin qui a par exemple laissé les objets sur une étagère instable ou difficilement accessible etc. Dans tous les cas, lorsque le commerçant réclame le remboursement, il est préférable pour l’assuré de ne rien accepter jusqu’à l’intervention de son assureur. Ce dernier sera, grâce à la description que lui en fera son client, plus à même d’évaluer la réalité de sa responsabilité.

En cas de déclaration tardive, l’assuré peut se voir opposer la déchéance de la garantie, c'est-à-dire la perte du droit de bénéficier de l’indemnisation. Cette déchéance ne peut être revendiquée par l’assureur qu’à certaines conditions. Tout d’abord, une clause de déchéance doit avoir été prévue dans le contrat. Il faut ensuite que l’assureur prouve que le retard de déclaration lui a causé un préjudice.

La clause doit être parfaitement claire et dénuée de toute ambiguïté. L’assureur peut aussi renoncer à la clause de déchéance. Il peut le faire de manière explicite ou implicite. La déchéance ne joue qu’à l’encontre de l’assuré qui aurait lui-même subit un préjudice. Elles ne peuvent pas jouer à l’encontre des tiers. Ainsi, en cas d’accident de la circulation par exemple, l’assureur du responsable doit indemniser la victime, quand bien même l’auteur aurait commis une faute en ingérant des drogues.

Comment sont indemnisés les sinistres ?

L’assureur a l’obligation d’indemniser dans les délais convenus dès lors que le risque était bien garanti par la police d’assurance. Pour certaines assurances, la loi oblige les compagnies à formuler une offre d’indemnisation à la victime dans un délai déterminé. Généralement, elle proposera une indemnisation à l’assuré après avoir procédé à une évaluation des dommages au regard des pièces fournies (par exemple en cas d’incendie, suivant la liste des bien détruits, factures etc.). La compagnie peut également mandater un expert afin qu’il établisse un rapport sur la base duquel se fera l’indemnisation. L’indemnité de l’assureur ne dépassera pas la valeur du bien au moment du sinistre. Il est important de distinguer dans les contrats qui visent l’indemnisation de bien (par le exemple le contrat multirisques habitation) l’indemnisation suivant la valeur de reconstruction ou de remplacement qui comprend la valeur du bien mais duquel est déduite la vétusté, de la valeur à neuf, qui est nécessairement plus élevée car atténue l’incidence de la vétusté.

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