En quoi consiste la liberté sexuelle ?




Lorsque l’on parle de liberté sexuelle, il faut envisager trois aspects : la liberté d’orientation sexuelle (homosexualité, hétérosexualité, bisexualité), la liberté de changer son identité sexuelle (transsexualisme) et enfin, la liberté de commerce sexuel du corps.

L’identité sexuelle, l’orientation sexuelle et la vie sexuelle sont des aspects des droits de la personnalité et du droit à la vie privée. Le droit à l’intimité de la vie privée est protégé au niveau national et international. Toute personne a le droit d’entretenir des relations sexuelles car toute personne a le droit de disposer de son corps. La liberté sexuelle signifie donc que chacun est libre de choisir ses partenaires sexuels, chacun est libre d’avoir des relations sexuelles ou non et chacun est libre de choisir ses pratiques sexuelles. C’est le droit à l’autonomie sexuelle et le droit au respect de l’intégrité sexuelle. On met en avant le principe du consentement. Ne sont condamnés que les actes sui ne sont pas consentis (harcèlement sexuel, viol,…). Les Etats ont l’obligation de sanctionner toutes les agressions sexuelles, en particulier les actes de viol (criminalisation du viol marital également).

La liberté sexuelle suppose une reconnaissance juridique de l’Etat. Certains Etats comme l’Espagne, la Belgique, le Canada ou encore la Suède reconnaissent la validité du mariage homosexuel. Ce n’est pas le cas en France. Mais, les couples homosexuels peuvent conclure un pacte civil de solidarité (PACS). On voit bien que le champ d’application de la liberté sexuelle évolue selon les époques : il correspond aux mœurs de la société à un moment donné.

Toutes les discriminations fondées sur le sexe et l’orientation sexuelle et le genre sont interdites. Il s’agit de respecter la liberté de choix des individus. Il faut garantir le droit au développement personnel et garantir l’intégrité physique et morale. Ainsi, les Etats membres de l’Union européenne ont dépénalisés les pratiques homosexuelles. On interdit les lois qui condamnent des pratiques ou des conduites sexuelles entre personnes consentantes. Il en a été ainsi jugé pour les pratiques sadomasochistes : l’Etat ne peut intervenir pénalement que lorsque les auteurs des actes ne respectent pas la volonté des autres participants.

De la même manière, la Cour européenne des droits de l’homme reconnaît que toute personne a le droit de changer de sexe. L’Etat a l’obligation de reconnaître juridiquement la nouvelle identité sexuelle de la personne et lui reconnaître la possibilité de se marier avec une personne de sexe opposé. Par conséquent, il doit procéder au changement de l’acte d’état civil. De plus, l’Etat n’a pas le droit de demander à la personne transgenre de prouver médicalement qu’elle doit subir une opération pour changer de sexe. Cependant il faut noter qu’au sein de l’Union européenne, tous les Etats ne protègent pas les personnes transgenres discriminées sur le fondement de la discrimination fondée sur le sexe et l’orientation sexuelle.

Les Etats ont l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’individu contre toutes les ingérences et les immixtions arbitraires dans l’intimité de la vie privée. Car, comme nous l’avons vu, toute personne a le droit à l’intégrité physique et psychique. Les ingérences dans la vie privée doivent être proportionnées au but recherché. Autrement dit, elles doivent être légitimes et prévues par la loi (par exemple, refuser la protection pour des conduites sexuelles commerciales). On invoque beaucoup les principes de tolérance et d’ouverture d’esprit. Les situations doivent être analysées au cas par cas. La protection doit aussi s’étendre dans le cadre professionnel. Par exemple, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné des lois qui interdisaient aux personnes homosexuelles de rejoindre l’armée.

On admet des limites à la liberté sexuelle lorsqu’elles sont prévues par la loi : garantir le respect des libertés des tiers, garantir la santé et l’ordre publics. L’Etat peut imposer un âge minimum au consentement pour les rapports sexuels sans que cela soit caractérisé comme une ingérence car il s’agit de protéger les personnes. En application du principe de non-discrimination, l’âge légal doit être le même pour les rapports sexuels homosexuels et hétérosexuels. En France, la majorité sexuelle est à quinze ans.

S’agissant du commerce sexuel du corps, certains Etats interdisent la prostitution (la Chine, pays musulmans, la Russie,…), d’autres la règlementent (les Pays-Bas, l’Allemagne,…). Mais, tous les Etats condamnent la traite et l’exploitation sexuelle des êtres humains. En France, le racolage et le proxénétisme sont prohibés.

Par ailleurs, le maire a des pouvoirs de police pour fermer ou interdire l’ouverture d’un établissement commercial à caractère sexuel lorsqu’il y a des troubles à l’ordre public. Ce peut être par exemple ordonner la fermeture de l’établissement parce qu’il abrite des activités de prostitution et que les mineurs peuvent y avoir accès. Ce sont des limites à la liberté du commerce et d’industrie. C’est pourquoi, elles sont très encadrées. Le juge administratif vérifie la réalité du trouble (moralité publique, protection des mineurs) et la proportionnalité des mesures envisagées par le maire.

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