Les conditions d'exercice de l'action en justice




Pour exercer une action en justice, il faut remplir deux grandes conditions : avoir un intérêt pour agir et avoir la qualité pour agir.

L’intérêt à agir

L'intérêt à agir se mesure par rapport au préjudice subi par la victime. L’intérêt protégé doit justifier de certaines caractéristiques. Il doit tout d'abord être légitime. Par exemple, il n’est pas possible d’agir en justice pour réclamer le salaire d’un travail dissimulé. On trouve une autre application de cette idée dans la règle selon laquelle on ne peut pas se prévaloir de sa propre turpitude.

L’intérêt doit ensuite être né et actuel. Cela signifie que la situation du demandeur doit être réellement troublée, au quel cas le recours au juge ne sera pas possible. En effet, le juge ne peut trancher que des litiges qui existent au moment où la demande est formée. On considère que l’intérêt est né et actuel lorsque le demandeur est victime d’un trouble et que sa demande a justement pour but de faire cesser ce trouble. La manière dont le trouble est constitué importe peu. L’essentiel est que l’on constate une atteinte effective : autrement dit, une modification par rapport à la situation antérieure. A l’opposé, cela sous entend qu’il ne sera jamais possible de s’appuyer sur un intérêt hypothétique puisque pour envisager une réparation adéquate à la situation, il faut connaître le préjudice.

Dans certains cas, les actions futures sont admises par les tribunaux. Par exemple, des mesures d’instruction futures peuvent être accordées s’il existe une raison légitime de conserver ou d’établir la preuve d’éléments qui pourraient faire changer la solution d’un procès éventuel. Par exemple, lorsque des dégâts sont causés par un accident, il est important de faire constater les dégâts de manière à conserver une preuve future.

L’intérêt doit aussi être direct et personnel. On distingue l’intérêt personnel de l’intérêt d’autrui ou de l’intérêt général. Dans la plupart des cas, celui qui agit en justice avance que ses droits ont été violés. Il sollicite alors du juge la reconnaissance ou la réparation. Lorsqu’un intérêt collectif est violé ou bafoué il est possible que l’action de défense regroupe plusieurs personnes. Ainsi, un syndicat agit pour défendre l’intérêt de la profession, il agit par rapport à un intérêt supérieur aux intérêts individuels. On parle d’intérêt direct pour établir que la victime est directement impliquée dans l’affaire. L’intérêt est direct si la personne concernée verra sa situation évoluer à l’issue du litige, que ce soit en lien avec les avantages qu’elle pourra en retirer ou par rapport aux conséquences dommageables. Le mari d’une victime d’un accident a un intérêt direct. Par exemple, la femme du mari qui a perdu son emploi alors qu'il était l’unique salaire de la famille a aussi un intérêt direct.

La qualité pour agir

La qualité représente le pouvoir vertu duquel une personne a le droit de s’impliquer dans un procès. L’action est ouverte à toutes les personnes qui justifient d’un intérêt. La loi ouvre ici une action à des personnes qui ont un intérêt défini. Par exemple, l’action en divorce n’est donnée qu’aux seuls époux. L’action en recherche de paternité naturelle n’est donnée qu'à l’enfant.

Peuvent aussi avoir qualité pour agir les personnes qui ne sont pas directement impliquées dans le litige mais qui de par la loi ont qualité pour agir. Certaines personnes se voient reconnaître qualité pour défendre les intérêts personnels d’un tiers. Par exemple, l’action ut singuli. Il s’agit de l’action qui est mise à disposition des associés d’une société et qui leur permet de demander réparation du préjudice subi par la société en raison des agissements illégaux de l’un des dirigeants. Les associés défendent alors l’intérêt personnel d’une autre personne : la société (personne morale).

L’intérêt collectif peut être définit de différentes manières. Par exemple, lorsqu’une procédure collective est ouverte à l’encontre d’une société, un représentant des créanciers est désigné, il a alors pour mission de défendre l’intérêt de tous les créanciers. L’intérêt est donc bien collectif. L’intérêt général peut lui aussi être défendu, c’est ainsi qu'on reconnaît au ministère public un droit d’action pour défendre l’intérêt de tous.

Avoir qualité et intérêt pour agir ne signifie pas qu’il faut l’exercer de façon irréfléchie. En effet, elui qui agit en justice de manière abusive ou pour nuire peut être condamné à une amende civile d'un maximum de 3 000 euros, en plus des dommages-intérêts qui pourront être réclamés.

Articles connexes

Rechercher parmi les articles juridiques