Les parents sont-ils responsables des actes commis par leurs enfants mineurs ?




Les parents peuvent être tenus responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs. En effet, jusqu’à leur majorité les enfants sont soumis à l’autorité parentale. Tant qu’ils sont soumis à cette autorité parentale, ils sont juridiquement dépendant d’eux. Le code civil prévoit en effet depuis 2002 que les parents en tant qu’ils exercent l’autorité parentale sont solidairement responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs habitants avec eux. Avant 2002, il était possible de s’exonérer de cette responsabilité en faisant la preuve qu’ils n’avaient manqué à aucun devoir de surveillance ou d’éducation. Mais désormais il n’est plus possible pour eux de se dégager par ce biais. Ils sont responsables aussi bien des dommages causés par leurs enfants que ces derniers aient commis une faute ou non. De même, leur responsabilité est engagée que leurs enfants aient été sous leur garde à ce moment là ou qu’ils aient été physiquement éloignés (par exemple, en vacance chez leurs grands parents). Par ailleurs, l’âge de l’enfant n’est pas un critère exonératoire, il n’est par exemple pas possible d’établir que l’enfant n’était pas doué de discernement et par conséquent irresponsable. Les parents doivent répondre des dommages causés quand bien même l’enfant n’aurait pas conscience de ses actes. Il a déjà été admis qu’un enfant de 4 ans qui blessait un de ses camarades engageait sa responsabilité civile délictuelle.

Afin d’établir la responsabilité des parents il faut donc faire la preuve de quatre éléments distincts : tout d’abord l’enfant doit être mineur au moment des faits, il faut ensuite un fait de l’enfant, que celui-ci cohabite avec ses parents et que ces derniers soient titulaires de l’autorité parentale. Le fait de l’enfant peut être fautif ou non, on parle de simple « fait causal ». Les parents doivent être détenteur de l’autorité parentale pour que leur responsabilité soit engagée. Lorsque les parents sont mariés, il n’y a aucune difficulté, ils exercent en commun l’autorité parentale, ils sont donc solidairement responsables. En cas de divorce ou de séparation de corps, l’autorité parentale continue en principe d’être exercée par les deux parents. Le fait qu’ils n’habitent plus ensemble n’a pas de conséquence, ils sont tous deux responsables quand bien même le dommage aurait été causé à un moment ou l’enfant n’était qu’avec l’un de ses parents. S’agissant des familles recomposées, les beaux-parents ne sont en principe pas responsables des dommages causés par les enfants de leur conjoint puisqu’ils ne détiennent pas l’autorité parentale. En revanche, si une décision de justice est intervenue pour leur conférer cette autorité, ils deviennent solidairement responsables avec leur conjoint. Tant que l’autorité parentale n’a pas fait l’objet d’un transfert par décision de justice, les parents restent seuls responsables.

Le critère de la cohabitation est quant à lui assez largement envisagé par la jurisprudence. En effet, la responsabilité des parents est retenue quand bien même l’enfant ne serait pas physiquement avec eux. Lorsque les enfants sont à l’école et qu’ils causent un accident, les parents sont présumés responsables. L’assureur de responsabilité civile devra donc intervenir et indemniser l’enfant victime quand bien même l’enfant auteur du dommage à agit volontairement. Pour ce qui est de l’enfant qui se blesse seul dans la cour de l’école par exemple, l’assurance de responsabilité civile ou l’assurance scolaire indemnisera les parents dès lors que la responsabilité de l’école ne peut pas être mise en jeu. Lorsque l’enfant est confié à une crèche, c’est cette dernière qui est responsable, en cas d’accident c’est donc l’assureur de la crèche qui assumera l’indemnisation, à moins que l’enfant ne se soit blessé seul, dans ce cas c’est l’assurance des parents qui doit jouer. Lorsque l’enfant est confié à une assistante maternelle, celle-ci le garde à son domicile, elle doit obligatoirement avoir souscrit à une assurance de responsabilité civile. Par conséquent, lorsque l’enfant se blesse pendant les jeux ou autre, les parents pourront engager la responsabilité civile contractuelle de l’assistante, l’assureur de responsabilités professionnel de cette dernière prendra en charge l’indemnisation. Lorsque l’enfant est gardé à domicile par une « baby-sitter » c’est le régime de la responsabilité des maîtres et préposés qui entre en jeu. Pour la baby-sitter, il est fréquent que les contrats multirisques-habitation prennent en charge les dommages causés par les personnes exerçant du baby-sitting. Il convient toutefois de se référer au contrat car certains limitent leur garantie, par exemple à un certains nombre d’heures par semaine. Pour ce qui est des accidents survenus pendant les vacances scolaires ou lorsque l’enfant est placé dans un centre de loisirs, une colonie et autre on distingue deux situations : si le dommage survient alors que l’enfant est dans un centre de vacance, de loisirs, une colonie ou autre, le centre doit obligatoirement avoir une assurance de responsabilité civile qui prendra en charge les dommages causés par les enfants ou qui sont dus à une faute de surveillance de l’animateur. L’assurance extra-scolaire peut également couvrir ce genre de situation. Lorsque l’enfant est en vacances chez ses grands-parents, ses oncles, tantes et autre, les parents restent responsables des dommages qu’il cause à d’autres personnes, les grands-parents ne peuvent pas être tenus responsables. Si l’enfant cause un dommage à ses grands-parents la situation est différente, les assurances excluent généralement de faire jouer la responsabilité civile pour les dommages causés aux membres de la famille. Si l’enfant est à présent lui-même victime d’un dommage, son assurance extra-scolaire pourra prendre en charge les réparations.

Il n’est qu’un seul cas où la responsabilité des parents ne sera pas engagée, c’est le cas où la garde de l’enfant à été judiciairement transférée à un centre ou un internat. Dans ce cas, c’est ce dernier qui sera responsable des actes commis par l’enfant.

Dans quels cas les parents peuvent-ils s’exonérer de leur responsabilité ? Il n’existe que deux causes d’exonération : la force majeure : évènement imprévisible et irrésistible, que les parents ne pouvaient empêcher. C’est surtout par rapport à l’acte de l’enfant qu’est appréciée la force majeure. La seconde cause d’exonération est la faute de la victime, dans ce cas il faut que l’enfant n’est pas lui-même causé l’accident ou au moins pas totalement.

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