Les salariés grévistes peuvent-ils être sanctionnés par leur employeur ?




Pendant toute la durée de la grève le contrat de travail sera suspendu. A l’issue de la grève, le contrat de travail devra reprendre, aucune sanction ne pourra être infligée aux salariés qui ont été grévistes. Il est donc interdit à l’employeur de prendre des mesures discriminatoires à l’encontre des salariés qui ont été grévistes (par exemple, en leur refusant certains avantages). Les jours non travaillés pendant la grève seront déduits du temps de travail qui détermine la durée des congés payés. Par ailleurs, ces journées d’absence ne seront pas payées par l’employeur. Lorsqu’au cours du mouvement de grève un salarié tombe malade, il ne pourra obtenir d’allocations complémentaires que lorsque la grève aura cessée. Si sa maladie intervient avant le mouvement de grève dans ce cas son employeur devra lui verser les indemnités compensatrices. Les accidents survenus au cours des mouvements de grève ne sont bien sur pas pris en charge par l’employeur au titre des accidents de travail puisque durant la grève le contrat est réputé suspendu.

Qu’en est-il de la rémunération du gréviste ?

Il convient de distinguer entre le salarié gréviste et le salarié non gréviste. Pour ce qui est du salarié non gréviste, en principe, son salaire ne doit subir aucune modification puisque d’une part, l’employeur doit lui permettre de continuer à réaliser son travail et par conséquent il gardera la même rémunération. Toutefois, lorsqu’il est dans l’impossibilité totale de fournir un travail à ses salariés non grévistes, l’employeur pourra diminuer leur rémunération au regard du nombre de jours non travaillés. Pour ce qui est des salariés grévistes, leur salaire sera réduit en fonction du nombre de jours de grève. La réduction sera calculée par rapport à leur horaire mensuel de travail. Les salariés grévistes peuvent également se voir refuser certaines primes attribuées sous conditions de présence dans l’entreprise. Toutefois, la suppression de ce type de prime ne doit pas viser les grévistes de manière discriminatoire, elle devra concerner toutes les personnes dont la présence n’a pas été suffisante quel qu’en soit le motif. En somme, la grève fait donc perdre aux salariés en grève une partie de leur rémunération. Toutefois, dans le cas où c’est un manquement grave de l’employeur qui a été à l’origine de la grève, dans ce cas l’employeur devra verser à ses salariés une indemnité pour la perte de salaire.

L’employeur peut-il infliger des sanctions ?

L’employeur ne peut en aucun cas sanctionner un salarié par ce qu’il a participé à un mouvement de grève. Il ne peut pas lui reprocher de manquement disciplinaire du fait de la participation à la grève et à plus forte raison ceci ne pourrait pas constituer un motif de licenciement. Seule la faute lourde est de nature à justifier le licenciement du salarié. La faute lourde est la faute d’une particulière gravité qui rendrait le maintien du salarié dans l’entreprise impossible. Le salarié ayant commis une faute lourde pourra être licenciée immédiatement et sans indemnité de rupture (une occupation des locaux de l’entreprise durant la grève peut par exemple constituer une faute lourde).

Les salariés ayant participé à un mouvement de grève peuvent voir leur responsabilité civile engagée lorsqu’ils causent des dommages à leur employeur, en détériorant le matériel de l’entreprise par exemple. L’employeur devra cependant prouver qu’il subit un préjudice de nature économique distinct de celui que tout mouvement de grève provoque. De la même manière, les syndicats pourront voir leur responsabilité civile engagée s’il est établi qu’ils ont participé aux actes fautifs, que l’employeur a eu à subir un préjudice économique et que ce préjudice trouve directement sa source dans les agissements fautifs.

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