L'indemnisation des victimes de l'amiante




L’amiante désigne des minéraux à texture fibreuse qui sont utilisés dans l’industrie. Au début du XXème siècle, on a reconnu la toxicité de l’amiante. L’inhalation de quantités importantes d’amiante est dangereuse (maladies pulmonaires) ; il y a de nombreux cas dans le milieu professionnel. Le problème de l'indemnisation des victimes de l'amiante intervient dans la reconnaissance de maladies professionnelles ou de faute inexcusable. En effet, les victimes de l'amiante sont des travailleurs qui ont été exposés pendant une certaine période de leur vie professionnelle à des poussières d'amiante.

Il est possible d’obtenir une indemnisation dans le cadre de la maladie professionnelle. Il faut toutefois prouver une relation directe entre la maladie professionnelle et le décès. La faute inexcusable est une faute d’une exceptionnelle gravité qui provient d’un acte ou d’une omission volontaire de son auteur. Il avait conscience du danger. Par conséquent, il y a faute inexcusable lorsque l’entreprise a exposé des salariés à l’amiante alors que le danger était connu. L’employeur est tenu d’une obligation de sécurité. Il doit donc prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver le salarié de tous les risques professionnels et prévenir les maladies professionnelles causées par les produits utilisés par le salarié dans l’exercice de son travail.

Bien souvent, la maladie se manifeste plusieurs années après l’exposition à l’amiante.
Le salarié qui a été successivement exposé à l’amiante alors qu’il avait travaillé pour plusieurs entreprises a le droit à une réparation intégrale dès lors qu'il prouve la faute inexcusable de l'un des employeurs.

La victime de l’amiante ou ses ayants-droit ont deux ans pour agir pour faire reconnaître la maladie professionnelle ou la faute inexcusable. Ce délai commence à courir soit à partir de la date de la première constatation médicale, soit du jour de la clôture de l'enquête médicale, soit du jour de la cessation du paiement des indemnités journalières, soit du jour de la cessation du travail. C’est le tribunal des affaires de la sécurité sociale (TASS) qui est compétent. Pour être indemnisée, la victime (ou ses ayants-droit) pourra agir sur le fondement de la responsabilité civile et/ou de la responsabilité pénale. En matière de responsabilité civile, on applique la garantie pour vice caché ; l’obligation de sécurité des producteurs ; ou l’obligation de sécurité de l’employeur. Aussi, l’employeur peut voir sa responsabilité engagée pour faute d’imprudence, de négligence ou d’inattention.

En matière de responsabilité pénale, il existe le délit d’exposition d’autrui à un danger. C’est le cas toutes les fois que l’employeur expose ses salariés à l'amiante, que ce soit dans des conditions contraires à la réglementation ou en connaissance d'un danger. Il y a délit en cas de mise en danger délibérée de la personne quand le producteur commercialise en tout connaissance de cause un produit amianté dans des conditions contraires à la réglementation ou qu’il y a un manquement délibéré à l’obligation de prudence ou de sécurité. L’auteur des faits n’a pris aucune mesure pour éviter le dommage. Ensuite, il y a délit d’atteinte à l’intégrité de la personne humaine en cas d'atteinte à la vie, ou à l'intégrité physique ou psychique de la personne (infractions non intentionnelles). Enfin, les juges peuvent prononcer une condamnation pour blessures involontaires si les manquements à l’obligation de sécurité et de prudence ont été à l'origine d'une altération de la santé qui n’a occasionné qu'une incapacité de travail.

La mise en œuvre de l'action pénale est souvent une première étape avant l’action en reconnaissance pour faute inexcusable. Effectivement, si le juge pénal retient l'existence d'une infraction pénale à l'origine de la maladie professionnelle, cette infraction constitue la faute inexcusable qui ouvre droit à une indemnisation complémentaire.

Il existe un fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante. Le Fonds d’Indemnisation des Victimes d’exposition à l’Amiante (FIVA) a été crée en 2002. Les victimes de l'amiante ont droit à une indemnisation intégrale de leurs préjudices patrimoniaux et personnels (préjudice esthétique, manque à gagner,…). L’indemnisation porte aussi sur les frais médicaux ou encore le coût d'aménagement du logement ou du véhicule. Les ayants droit peuvent demander l’indemnisation de leur préjudice économique et de leurs préjudices moraux, notamment en cas de décès. La réparation se fait la base d'un barème indicatif. Elle est individualisée selon le degré de gravité de la maladie et l'âge de la victime. Il s’agit de garantir une égalité de traitement entre les victimes.

L'indemnisation de l'incapacité se fait sous la forme d’une rente. Elle peut être révisée en cas d'aggravation. La réparation est intégrale pour les personnes qui ont obtenu la reconnaissance d'une maladie professionnelle due l'amiante et aux personnes qui ont subi un préjudice qui résulte directement d'une exposition à l'amiante sur le territoire français. Une offre d’indemnisation doit être faite dans les six mois. L'acceptation de cette offre ne permettre pas une action devant le tribunal. Si la demande d’indemnisation est rejetée ou si le Fonds ne répond pas dans le délai des six mois, la victime peut agir contre le Fonds.

A partir de 1987, la faute inexcusable est devenue assurable. Les employeurs se sont alors garantis contre une éventuelle recherche de faute inexcusable. Par conséquent, il revient à l'assureur de l’employeur de garantir en premier lieu les conséquences de la faute inexcusable. En cas d’assureurs successifs, la victime pourra exercer son action à l'encontre de l'assureur de son choix.

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