Demander l'exécution d'une décision étrangère




L’exequatur est une décision judiciaire qui autorise l’exécution d’une décision rendue par une juridiction étrangère. Elle pourra alors produire ses effets en France. En effet, dire que la décision étrangère est exécutoire signifie qu’elle a la même valeur qu’une décision nationale. On appliquera l’exécution forcée lorsque la partie condamnée n’exécutera pas la décision : recours à la force publique ou saisie. L’exequatur comporte deux aspects. D’un côté, il s’agit de savoir quel est l’effet des jugements étrangers en France et de l’autre côté, savoir quel est l’effet des jugements français à l’étranger. Le juge qui va ordonner l’exécution du jugement étranger s’appelle le juge de l’exequatur.

Il y a trois conditions à réunir pour que le juge français accorde l’exequatur. Premièrement, le juge étranger devait être compétent pour rendre la décision. Il faut noter qu’il n’est plus possible d’invoquer le privilège de juridiction pour s’opposer à une demande d’exequatur. En effet, lorsque la règle de conflit de juridictions française ne donne pas une compétence spéciale au juge français, le juge étranger sera compétent s’il n’y a pas eu de fraude et qu’il y a un lien entre le litige et l’Etat du juge saisi. Deuxièmement, il n’y a pas eu de fraude quand le jugement a été donné. Par exemple, des manœuvres pour obtenir un jugement favorable sont une fraude. Troisièmement, la décision doit être conforme à l’ordre public international de fond et de procédure et les droits de la défense doivent avoir été respectés (respect du principe de libre accès à la justice ; obligation de motivation de la décision étrangère,…). Par exemple, un jugement de divorce où la femme est répudiée sans aucun droit est contraire à l’ordre public international. On se réfère au jour où est demandé l’exequatur et non pas au jour du jugement étranger. Pour vérifier la conformité à l’ordre public international de procédure, le juge a la possibilité d’étudier tous les documents apportés à l’instance. Le jugement doit être motivé sauf si les documents apportés au cours de l’instance mettent en évidence que l’absence de motivation ne va pas à l’encontre de l’ordre public international français.

Pour déposer une demande d’exequatur, il faut l’assignation d’un huissier de justice. Le demandeur doit s’adresser au tribunal de grande instance du lieu du domicile du défendeur ou du lieu d’exécution de la décision. Il faut agir par l’intermédiaire d’un avocat et apporter plusieurs documents. Tout d’abord, la photocopie de décision rendue dans l’Etat d’origine. C’est le titre exécutoire : un jugement, un acte notarié. De plus, il faut le certificat rendu par le juge de l’Etat d’origine qui prouve que la décision est exécutoire et qu’elle a été notifiée. Il y a un formulaire standard. Parfois, on demandera la traduction des documents. Le juge français n’a pas besoin de vérifier que la loi que le juge étranger a appliqué est celle qui est établie par les règles de conflit de lois françaises. Il n’a pas le droit de juger l’affaire au fond. Il contrôle simplement la régularité de la procédure devant le juge étranger : compétence du juge étranger et bonne application de la loi au litige en cause.

Lorsque les trois conditions procédurales ne sont pas remplies, le juge français refusera d’accorder l’exequatur. La décision doit être signifiée aux parties. La procédure d’exequatur n’est pas contradictoire mais on garantit le respect du droit au procès équitable car il existe des voies de recours.

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