Le régime général de l'expropriation




Le droit de propriété est un droit de jouissance et de disposition de ses biens qui est absolu à condition de ne pas contrevenir à la législation. La propriété foncière est un type de propriété qui concerne les biens immobiliers. En règle générale, seul le propriétaire exerce le droit de propriété sur son bien. Il y a des exceptions. En effet, lorsqu’un droit d'usufruit s’applique, le propriétaire n’est titulaire que de la nue-propriété. Ce qui signifie qu’il ne peut pas utiliser le bien ni profiter des fruits qui en résultent. Par ailleurs, il peut exister des servitudes sur le bien. Par exemple, un droit de passage entre deux maisons en cas d'enclave. On dit que la servitude grève l'immeuble (appelé « fond servant ») au profit du « fond dominant ». Sous certaines conditions, le propriétaire du fond dominant a le droit d’utiliser le fond servant.

Le droit de propriété comprend trois attributs : l'usus qui est le droit d'utiliser le bien et d'en jouir sans faire de transformations ; le fructus qui est le droit de disposer des fruits d’un bien, comme les récoltes ou les revenus par exemple ; et l’abusus qui est le droit de transformer le bien, de s'en séparer ou de le détruire. L’usus et le fructus constituent l'usufruit. L’abusus seul s’appelle aussi la « nue-propriété ». La propriété est un « droit inaliénable et sacré » qui peut être détourné pour une cause de « nécessité publique » et moyennant une « juste et préalable indemnité ». Le droit de propriété n’est donc pas en réalité un droit absolu. L’expropriation est une opération qui prive un propriétaire foncier de sa propriété, et cela contre son gré. On utilise le plus souvent le terme « expropriation pour cause d’utilité publique ». Elle permet à l’acquéreur (l’Etat) de forcer un possesseur à céder son bien. Généralement, on recourt à des expropriations avec une compensation financière pour réaliser des projets d'infrastructure : routes, autoroutes, aéroports,... Le problème des compensations est une question litigieuse et le montant de l’indemnité doit souvent être décidé par les tribunaux. La légitimité des expropriations est aussi parfois mise en doute.

Pour être légale, il faut que l’expropriation administrative soit réalisée pour cause d'utilité publique. C’est une notion large selon la loi. Le juge a un grand pouvoir d’appréciation. Il fait une application de la théorie du « bilan coûts - avantages ». En fait, il ne faut pas que les inconvénients causés par l'expropriation soient trop importants par rapport aux avantages. En pratique, le juge permet l'expropriation pour cause d'utilité publique dans la majorité des cas. La procédure comprend deux phases. Le Préfet dirige la phase administrative. On réalise une enquête publique qui conduit à prononcer la déclaration d'utilité publique (DUP) du projet et à entreprendre les démarches pour opérer le transfert de propriété. Le Préfet dit quels sont les terrains qui seront cédés à l'expropriant. L'arrêté de cessibilité permettra au juge de l’expropriation de prononcer le transfert de propriété. C’est la phase judiciaire. Le juge prend une ordonnance d'expropriation portant transfert de propriété et fixe le montant de l’indemnité due par l'expropriant à l'exproprié pour réparer le dommage subi.

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