Qu'est-ce qu'une marque ?




Le principe demeure que la protection nationale de la marque se fait par le dépôt de celle-ci à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). En effet, c’est uniquement après l’accomplissement de certaines formalités que le déposant devient titulaire d’un droit exclusif d’exploitation sur la marque dans tout le territoire français, pour une durée de dix ans, renouvelable à l’infini. Ce principe de territorialité explique l’existence de marques nationales, communautaires et internationales. Le principe de territorialité signifie que la protection de la marque est limitée au territoire national. Pour une protection de la marque à l’étranger (en l’absence de conventions internationales), il faut remplir les conditions de la marque du territoire étranger devant l’instance d’enregistrement étrangère. Toutefois, il existe désormais des procédures spécifiques d’enregistrement, plus ou moins harmonisées, que ce soit au niveau communautaire ou international.

Il est à noter que l’enregistrement d’une marque est normalement régi par le principe de spécialité, c’est-à-dire que la marque n’est protégée que pour certaines classes de produits ou services. Par conséquent, une atteinte à la marque pour des produits et services non visés par l’enregistrement ne sera pas condamnée sur le terrain de la contrefaçon. D’autres terrains comme la mise en œuvre de la responsabilité civile seront plus efficaces, le parasitisme par exemple. Par parasitisme, on entend le fait d’une société commerciale de profiter des efforts et investissements d’une autre (en matière de communication, publicité…) à son avantage, sans en débourser les frais. C’est pourquoi en pratique, certaines entreprises déposent pour les classes qui ne sont pas celles de leurs produits ou services. Ces marques barrières renforcent la protection du signe, sans que le titulaire de la marque ait à démontrer les conditions d’existence de la responsabilité civile (faute, préjudice et lien de causalité).

Cependant, il existe des exceptions pour les marques dites notoires. En effet, ces marques connues du grand public n’ont pas besoin d’être enregistrées du fait de leur réputation. Il est important de retenir que ces marques outrepassent le principe de spécialité et sont protégées pour tous les produits et services dès lors qu’il existe un risque de confusion dans l’esprit du public. Ainsi, un usage non autorisé d’une marque notoire pourra être condamné, peu importe le produit ou service désigné. La protection de la marque notoire se justifie par le préjudice qu’une contrefaçon pourrait causer à l’image de marque, pour le cas où la marque contrefaite serait apposée sur des produits d’une qualité médiocre. La confiance de la clientèle serait amoindrie et le préjudice pour cette marque notoire très élevé.

Concernant les conditions de la marque, toute personne physique ou morale peut déposer une marque et ainsi en devenir le propriétaire. Il en est de même pour une association. Il est même possible de déposer une marque pour plusieurs personnes, c’est ce qui est appelé marque collective (simple). Dans ce dernier cas, la représentation par un mandataire commun des titulaires est obligatoire. Un mineur peut également être titulaire d’une marque. Cependant, il aura besoin de son représentant légal pour pouvoir faire des actes de disposition sur la marque. Par actes de disposition, on vise l’enregistrement, le renouvellement, les cessions, les licences de marque…

Il est possible de déposer une marque à tout moment. Le déposant peut bénéficier d’un délai unioniste de six mois en cas d’un dépôt antérieur dans un pays membre de la Convention de Paris ou de l’Organisation Mondiale du Commerce. Ce délai peut permettre d’apprécier l’opportunité de déposer une marque (que ce soit au niveau national, communautaire et national), en testant les produits et/ou services sur des marchés tests par exemple. En fonction du succès du produit et/ou service, le déposant choisira l’étendue de protection au titre du droit des marques, qui lui sera adaptée. Malgré cette liberté laissée au déposant, il est conseillé de la déposer dès le début de l’exploitation commerciale des produits et/ou services visés par l’enregistrement, afin de pouvoir protéger la marque de tout usage non autorisé.

Avant de déposer une marque (et de l’utiliser), il convient de vérifier au préalable que la marque est bien disponible, c’est-à-dire libre de tout droit antérieur, pour la classe de produits ou services désignés. Ces droits pourront prendre la forme d’une marque déjà enregistrée, d’une marque notoire, d’un nom (de personne ou de société) ou plus largement d’un droit de la personnalité ou d’autres droits de la propriété intellectuelle en général…Il est possible de demander à l’Institut National de Propriété Industrielle (INPI) de faire des recherches d’antériorités ou de consulter des spécialistes en la matière car le préjudice économique d’une annulation d’une marque en cours d’utilisation, n’est pas négligeable.

Après ces vérifications, il conviendra de déposer le dossier à l’INPI et payer les redevances correspondantes. En fin de procédure, l’INPI publiera l’enregistrement de la marque au Bulletin Officiel de la Propriété Industrielle (BOPI). Cette publication rendra opposable aux tiers votre titularité et vos droits en découlant, sur la marque.

Une fois la marque publiée, il ne sera pas possible d’opérer un changement sur celle-ci sans procéder à un nouveau dépôt.

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