A coté des erreurs indifférentes, il existe des erreurs qui sont de nature à provoquer la nullité du contrat. Il en est ainsi de ce que lon appelle « lerreur obstacle » et « lerreur vice du consentement ». Lerreur obstacle est lerreur qui empêche toute formation du contrat. Les parties se sont trompées à un point tel quon ne peut pas réellement considérer quil y a eu rencontre de leurs volontés. Il existe deux catégories derreur obstacle : lerreur sur la nature du contrat et lerreur sur lobjet du contrat. Lorsquil y a erreur sur la nature du contrat, cest que laccord lui-même na pas été compris de la même façon par les deux parties. Par exemple, lune croyait vendre alors que lautre pensait prendre en location. Dans ce cas, il ny ni vente ni location car il ny a pas eu rencontre de volonté. Lorsque lerreur touche à lobjet du contrat cest le fondement qui est visé, il y a erreur sur la chose du contrat, sur la monnaie etc. Par exemple, une personne souhaitait vendre son véhicule A mais le vendeur pensait acquérir le véhicule B. Ou encore, le premier pensait que la transaction se faisait en dollars tandis que le second pensait quelle se ferait en euros. Lorsquune convention est viciée par une erreur de ce type cest la nullité absolue qui est encourue (toute personne ayant un intérêt pourra la demander). Le juge ne tiendra pas compte du fait que lerreur soit excusable ou non pour se prononcer, lerreur inexcusable encourra donc la même sanction.
Outre lerreur obstacle, lerreur vice du consentement est elle aussi de nature à conduire à la nullité du contrat quelle touche. Là aussi, lun des contractants sest trompé sur un des éléments déterminants du contrat. Lerreur vice du consentement peut revêtir deux formes, il peut sagir dune erreur sur la substance ou les qualités substantielles ou dune erreur sur la personne. Lerreur sur la substance peut être envisagée de deux manières différentes. Soit on choisi de retenir la conception objective, selon celle-ci cest sur la matière dont la chose est faite que doit résider lerreur. Par exemple, une personne pensait acheter un vase en cristal alors quil sagissait en réalité dun vase en verre. A coté, nous avons la conception subjective, avec cette conception on sattarde sur les éléments qui étaient de nature à déterminer le consentement. Ainsi, sera considérée comme substantielle la qualité en labsence de laquelle lune des parties naurait pas contracté. Cest donc plus lintention des parties qui est visée quun élément objectif. Cest souvent cette seconde conception qui est retenue par les juges. Par exemple, il sera envisageable de demander la nullité dune vente lorsque lacheteur pensait acquérir une uvre dart authentique alors quil nen est rien. Il en sera de la même pour le vendeur sil pensait céder une copie alors quen réalité il sagissait dune uvre authentique, il pourra invoquer lerreur.
Pour obtenir la nullité sur la base de lerreur il faudra toutefois établir, dune part, que si cet état de fait avait été porté à la connaissance du cocontractant il naurait pas contracté et dautre part, que cet élément sur lequel portait lerreur faisait bien partie du champ contractuel, c'est-à-dire que lautre partie avait connaissance de limportance de cette condition. Lerreur sur la substance dune chose peut aussi correspondre à une erreur sur les qualités que lon attendait de cette chose. Par exemple, une personne fait lacquisition dun animal en pensant quil dispose de certaines aptitudes précises, sil nen est rien, il pourra faire valoir lerreur sur les qualités substantielles de la chose.
Lerreur sur les qualités substantielles de la chose ne sera pas admise dans deux hypothèses : première hypothèse, lorsquil existait un aléa sur ces qualités substantielles au moment de la conclusion et que celui-ci était connu et accepté des deux parties. La seconde hypothèse concerne les contrats de vente, lorsque la chose vendue savère finalement impropre à sa destination normale, dans ce cas le seul fondement possible sera celui de la garantie des vices cachés (on pourra éventuellement y ajouter celui de la garantie de conformité).
La seconde forme que peut revêtir lerreur vice du consentement est lerreur sur la personne. Lerreur sur la personne est invoquée lorsque la personne du cocontractant joue un rôle déterminant. Il peut sagir dune erreur sur la personne même du cocontractant, par exemple, une personne pensait conclure une vente avec le propriétaire dun bien, or il nétait pas le véritable propriétaire. Lerreur sur la personne est également admise lorsquon se trompe sur les qualités substantielles du cocontractant. Par exemple, une personne pensait conclure un contrat de travail avec une personne diplômée et expérimentée mais tel nétait pas le cas.