Le recours à un technicien pour l'instruction




Le juge a la possibilité de nommer des techniciens afin que ces derniers puissent l’éclairer sur certains éléments du litige. Il existe différentes sortes de mesures : les constations techniques, les consultations techniques et les expertises. Le juge doit en principe y avoir recours dans cet ordre. Ainsi, il n’est possible de recourir à l’expertise que si les constatations et consultations techniques sont insuffisantes.

Le choix du technicien

Quelque soit la mesure envisagée, le juge doit conserver le contrôle. Les professionnels ne lui fournissent d’ailleurs qu’un avis technique : le juge n’est pas lié par les conclusions qu'il émettra. Il existe au sein de chaque Cour d’appel des listes de techniciens. Le juge fait son choix parmi les techniciens de ces listes. Le technicien a la possibilité de refuser la mission qui lui est confiée. Il devra toutefois justifier d’un motif légitime, faute de quoi, son refus serait considéré comme une faute et pourrait entrainer sa radiation de la liste des experts. Les parties pourront demander la récusation du technicien désigné si apparaît l'une des situations suivantes : si le technicien a lui-même, ou son conjoint, un intérêt dans l’affaire en cause ; si lui ou son conjoint est créancier, débiteur, héritier présomptif ou donataire de l'une des parties ; si lui ou son conjoint à un lien de parenté ou d’alliance avec l’une des parties ; s’il y a déjà eu entre lui et l’une des parties un procès (il en est de même pour son conjoint) ; s’il a déjà conseillé l’une des parties quant à cet affaire ou s’il a été arbitre ; si lui ou son conjoint gère les biens de l’une des parties ou enfin en cas d’amitié ou d’inimitié notoire entre lui et l’une des parties.

Le technicien ne doit donner se prononcer que sur les éléments pour lesquels le juge a entendu le consulter. C’est pour cette raison que sa mission sera définie de façon très précise. Le technicien doit mener son travail avec objectivité et impartialité. Il ne doit pas révéler les informations qui auraient été portées à sa connaissance et qui sont sans lien avec ce qui lui a été demandé. Le juge fixe un délai. Le technicien qui ne le respecterait pas pourrait être sanctionné. A l’issue de sa mission, il rédige un rapport. Une copie sera remise à chacune des parties. Le juge veille au bon déroulement des mesures : il s’assurera que le principe du contradictoire est respecté par le professionnel.

La mission du technicien

Lorsque le juge souhaite réaliser de simples constatations, il peut charger toute personne d’y procéder. Les constatations peuvent être ordonnées à tout moment. Le juge fixe un délai. La personne chargée de les mener doit convoquer les parties au moment où la mesure est exécutée, elle pourra toutefois s’en dispenser lorsqu’il ne s’agit que de simples constatations matérielles. Les conclusions pourront être présentées par écrit ou à l’oral à une audience.

Le juge peut également prescrire des consultations et ce à tout moment. Contrairement aux constatations, la personne chargée de réaliser la consultation n’a pas à convoquer les parties. Le consultant présentera ses conclusions oralement à l’audience ou par écrit.

Lorsque ni les constatations, ni les consultations ne s’avèrent suffisantes, le juge peut demander une expertise. Le juge qui y a recours doit justifier sa décision. L’ordonnance prescrivant l’expertise devra être motivée et expliciter la mission qui sera confiée à l’expert. Un délai sera donné à l’expert à l’issue duquel il devra rendre son rapport. Une provision sera également fixée, cette provision versée par l’une des parties (le juge déterminera laquelle) servira à rémunérer l’expert. Tout au long de ses travaux, l’expert devra informer le juge. L’expert devra veiller à convoquer les parties aux opérations d’expertise afin que le principe du contradictoire soit bien respecté. Les parties pourront poser des questions à l’expert. A l’issue de sa mission, l’expert rend en principe un rapport écrit. Le juge peut cependant l’autoriser, dans certains cas, à exposer ses conclusions oralement à l’audience.

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