Constater l'inaptitude d'un salarié




Seul le médecin du travail peut constater l’aptitude ou l’inaptitude médicale du salarié à l’emploi pour lequel il a été embauché. Il doit préalablement effectuer une étude du poste, des conditions de travail dans l’entreprise, et deux examens médicaux accompagnés s’il y a lieu d’examens complémentaires et espacés de quinze jours. Il a la possibilité de consulter le médecin-inspecteur régional du travail et de la main-d’œuvre. Ce ne sera pas le cas lorsque le maintien du salarié à son poste de travail entraînerait un danger immédiat pour sa santé, sa sécurité ou celles de tiers. En effet, dans une telle hypothèse, l’inaptitude pourra être constatée par le médecin du travail dès la première visite médicale.

L’inaptitude du salarié à son poste de travail peut être constatée à l’occasion des visites médicales obligatoires annuelles ou des visites de reprise après un arrêt de travail. L’examen qui est réalisé à la suite de l’arrêt de travail a pour but de vérifier l’aptitude du salarié à reprendre son ancien emploi, la nécessité d’une adaptation de ses conditions de travail ou une réadaptation. Il doit avoir lieu lors de la reprise du travail et au plus tard dans un délai de huit jours. Le salarié, le médecin traitant ou le médecin-conseil de la CPAM pourront demander une visite médicale de pré-reprise pour envisager des éventuelles modifications dans le travail. Le médecin du travail pourra à nouveau être consulté lorsque le salarié reprendra son activité. Aussi, un examen médical est obligatoire avant l’affectation d’un salarié sur un poste de nuit, puis au moins tous les six mois.

Lorsque le médecin du travail déclare le salarié inapte à reprendre son travail, il fait des propositions écrites. Par exemple, la mutation, la transformation du poste de travail ou des aménagements du temps de travail. Elles doivent être justifiées entre autres par l’âge, la résistance physique ou l’état de santé du salarié. L’employeur doit les pendre en compte et faire connaître ses motifs en cas de refus. Il doit proposer au salarié un autre travail adapté à ses capacités. Il doit être aussi comparable que possible à l’emploi précédemment occupé. Le contrat de travail peut être suspendu pour permettre au salarié de suivre un stage de reclassement professionnel.

Dans les entreprises de cinquante salariés et plus, si l’inaptitude est due à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, les possibilités de reclassement doivent être recherchées par l’employeur au sein de l’entreprise et, si c’est nécessaire dans le groupe auquel elle appartient. Si le salarié n’est pas reclassé dans l’entreprise après un mois à compter de la date de l’examen médical de reprise du travail ou s’il n’est pas licencié, l’employeur devra lui verser le salaire qui correspond à l’emploi qu’il occupait avant la suspension du contrat de travail. Ce ne sera pas le cas si le salarié est en contrat à durée déterminée.

En principe, on ne peut pas licencier ou sanctionner un salarié à cause de son état de santé ou de son handicap. Néanmoins, si le médecin du travail constate l’inaptitude définitive du salarié ou si l’employeur ne peut pas lui proposer un reclassement, il sera possible de mettre fin au contrat de travail. Il faut alors appliquer la procédure de licenciement et une indemnité doit être versée. Si l’employeur ne peut pas proposer un autre emploi, il doit préalablement faire connaître ses motifs par écrit. Le licenciement pourra se faire dans le délai d'un mois après la deuxième visite de reprise.

Une fois passé ce délai et si aucune procédure n’a été mise en œuvre, l’employeur devra reprendre le paiement du salaire. Si l'employeur ne respecte pas l’obligation de reclassement ou de réintégration, le licenciement est nul. L’indemnité compensatrice de préavis ne sera due que dans trois cas. Premièrement, la convention collective le prévoit. Deuxièmement, l’inaptitude a été constatée après un arrêt de travail dû à un accident de travail ou à une maladie professionnelle. Troisièmement, le licenciement n’a pas de cause réelle et sérieuse car l’employeur n’a pas tenté de reclasser le salarié.

Le tribunal peut proposer la réintégration du salarié dans l'entreprise avec maintien de ses avantages acquis. En cas de refus de réintégration par le salarié ou l'employeur, une indemnité sera versée. Elle ne peut pas être inférieure à douze mois de salaires. Elle se cumule avec l'indemnité compensatrice et l'indemnité spéciale de licenciement. Le salarié qui refuse un poste de reclassement ne commet pas de faute. Néanmoins, si l’employeur prouve que le refus est abusif, il n’aura pas à lui verser les indemnités spéciales de rupture du contrat de travail.

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