La procédure de redressement judiciaire : vue d'ensemble




Une entreprise qui ne peut plus faire face à ses dettes est placée en procédure collective suite au constat de sa « cessation des paiements », nommée aussi « faillite ». Ce constat peut être fait par les dirigeants de la société ou par le tribunal (d’office ou bien à la demande d’un créancier). La cessation de paiements est la condition d’ouverture des procédures de redressement judiciaire et de liquidation, mais non de la procédure de sauvegarde (possible en France depuis janvier 2006).

Selon la loi, lorsqu’un débiteur (dirigeant de société) se trouve dans l’impossibilité d’honorer ses dettes avec les actifs dont il dispose, il peut envisager l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. Plus précisément, le débiteur doit être dans une situation telle que l’actif disponible ne puisse pas combler le passif directement exigible. Par passif exigible, il est entendu les dettes qui doivent donner lieu à un paiement immédiat, cela peut concerner les salaires, les factures etc. Pour ce qui est de l’actif, on ne prend en compte que l’actif disponible, c'est-à-dire ce qui peut être transformé en liquidité, que l’on peut utiliser, par exemple des biens de la société.

Une société qui se trouverait dans une telle situation a l’obligation dans les quarante cinq jours qui suivent cette constatation de s’adresser au greffe du Tribunal de Commerce afin de faire déclarer son état de cessation des paiements. Si le juge l’estime plus appropriée, il peut orienter les responsables vers une procédure de conciliation. Le juge du tribunal, après examen de la situation, convoquera le ou les dirigeants à entretien dans les quinze jours qui suivent.

Le tribunal examine l'état de la société. En fonction des documents comptables et des explications du dirigeant, en général, le tribunal prononce l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire assortie d'une période d'observation. La période d’observation sera fixée par le juge, généralement entre trois à six mois. Le juge nommera également un administrateur judiciaire qui aura pour mission de contrôler la gestion qui est faite de la société durant cette période. Il aura également pour mission de faire état des créances, des actifs et de dresser la liste des créanciers et débiteurs. L’administrateur joue un rôle important mais il ne remplace pas pour autant le dirigeant de la société. Celui-ci garde sa place de dirigeant, il continue de prendre les décisions qui s’imposent mais il est assisté de l’administrateur.

Enfin, la date de cessation des paiements présente des aspects importants. Elle détermine la période passée antérieure à la déclaration sur laquelle l'administrateur judiciaire pourra examiner toutes les opérations pour les remettre en question (c'est la période dite « période suspecte », pouvant remonter à dix-huit mois précédant l'ouverture de la procédure collective). Un bilan économique et social portant sur le redressement judiciaire est établi par l'administrateur judiciaire. Ce bilan pourra par exemple aboutir à une proposition de cession de l’entreprise ou à l’accueil de nouveaux partenaires financiers. Lorsque l’entreprise bénéficie d’offres de cession, ces offres sont mises en concurrence. On examine le projet proposé, les qualités de l’éventuel repreneur etc. Même les créanciers peuvent eux aussi participer au projet de redressement, par exemple en proposant de transformer leurs créances en parts pour l’entreprise, il faudra pour se faire obtenir l’accord des actionnaires ainsi que du tribunal.

Le redressement judiciaire peut s’étaler sur une période de six à huit mois. A l’issue de cette période trois possibilités : l’entreprise opte pour une cession qui permettra le redressement de l’activité. L’activité est donc poursuivie, les dettes payées en totalité ou en partie et de nouveaux actionnaires font leur entrée. La seconde possibilité est de procéder à une cession-liquidation, l’activité est alors totalement cédée à un tiers qui créera une nouvelle entreprise, le passif est remboursé selon l'ordre de priorité établi par la loi. Enfin, dernière possibilité, opter pour une liquidation judiciaire si l'activité n'est pas viable. Que l’on choisisse la cession liquidation, ou la liquidation tout court, les actifs de la société sont liquidés. On tente alors de rembourser le maximum de dettes. Lorsqu’il n’y a plus d’argent pour désintéresser le reste des créanciers, on procède à une clôture pour insuffisance d’actifs, et l'entreprise est définitivement radiée ; elle n’existe plus.

A l'issue de la période d'observation, plusieurs situations peuvent se présenter. Si l’entreprise ou la société ne souffre que de difficultés passagères, le tribunal peut décider, sur proposition de l'administrateur et du dirigeant, de l’extension des délais pour le paiement des dettes, et de la poursuite d'activité. Si l’entreprise n’est pas viable (charges trop importantes) et qu’aucun repreneur n’est intéressé par la reprise de tout ou partie de l'activité, c'est la liquidation judiciaire. La liquidation judiciaire peut être prononcée sans ouverture d'une période d'observation lorsque l'entreprise a cessé toute activité ou lorsque le redressement est manifestement impossible.

L’administrateur judiciaire est un auxiliaire de justice mandaté par le Tribunal de Commerce lorsque l’entreprise fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire. Il est chargé d’assister le dirigeant, voire de le remplacer, et de trouver des solutions pour la sauvegarde de l’entreprise. L’administrateur intervient dans le cadre de la prévention des entreprises en difficulté, soit en tant que mandataire, soit comme conciliateur. Son rôle principal consiste à négocier l’endettement de l’entreprise. C’est donc un médiateur entre l’entreprise et les clients (fournisseurs, banques…) qui a pour objectif de trouver une solution, favoriser la conclusion d’un accord entre la société et ses créanciers. S’il y a redressement judiciaire de la société, il établit un diagnostic de l’origine des causes et des difficultés de cet état. Il doit ensuite trouver une solution de redressement judiciaire et proposer, soit un plan de continuation (pour la poursuite de l’activité), soit un plan de cession (fin de l’activité). L’administrateur plaide en présentant ses dossiers au Tribunal de Commerce.

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