La rupture unilatérale du CDI : démission et résiliation judiciaire




A coté du licenciement, moyen de rupture du contrat imposé par l’employeur, le salarié peut lui aussi imposer sa décision de mettre fin au contrat par le biais de la démission. La démission lui permettra de rompre le contrat de manière unilatérale. Toutefois, il lui faudra clairement manifester sa volonté de démissionner et respecter un délai de préavis. Il est possible de se dispenser du préavis dans certaines situations, par exemple, lorsque la convention collective de l’entreprise prévoit que le salarié est libéré s’il a trouvé un autre emploi, ou encore pour les salariées en état de grossesse, il faudra dans ce dernier cas qu’un avis médical constate la grossesse, en pratique on exige tout de même de la salariée qu’elle avertisse son employeur quinze jours avant son départ.

Le salarié qui démissionne sans raison valable, alors qu’il est engagé dans un contrat à durée indéterminée, peut être condamné à payer des dommages intérêts à son employeur. Par ailleurs, s’il rompt abusivement son contrat pour un nouvel emploi, le nouvel employeur pourra être tenu solidairement responsable des dommages causés à l’employeur initial dans trois cas : s’il est prouvé qu’il est intervenu dans la rupture, s’il savait que le salarié était déjà engagé par un autre contrat, s’il a poursuivi avec le salarié le contrat après avoir appris que celui-ci était déjà lié par un autre contrat.

La volonté de démissionner doit être clairement exprimée, elle peut être verbale, écrite ou résulter du comportement du salarié mais elle doit toujours être sans ambigüité. Un salarié qui ne reprend pas son poste après des congés ne manifeste aucunement sa volonté de démissionner, l’employeur devra exiger que celui-ci se justifie sur les raisons de son absence mais il ne pourra en aucun cas considérer que celui-ci a manifesté sa volonté de démissionner, si le salarié ne se justifie pas, il pourra engager une procédure de licenciement. L’écrit est toujours le moyen le plus sûr de se prononcer puisqu’il permettra d’écarter le doute, de donner à la démission date certaine afin qu’il n’y ait pas par la suite de difficultés quant au calcul du préavis etc. L’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception est fortement recommandé.

Le salarié qui souhaite démission doit respecter un préavis, sauf cas particuliers. La durée de ce préavis est fixée par le contrat, les conventions collectives et usages. Le non respect de ce délai permettra à l’employeur d’exiger en justice du salarié le paiement d’indemnités. Il est possible d’écarter cette obligation d’un commun accord. Ainsi, lorsqu’employeur et salarié s’accordent pour écarter l’obligation de préavis, ou si l’employeur seul décide que le préavis ne sera pas exécuté, il n’y aura aucune sanction. Toutefois dans ce dernier cas, c'est-à-dire lorsque l’employeur laisse partir le salarié sans exiger de lui qu’il accomplisse son préavis, il sera tout de même tenu de lui verser l’indemnité de préavis.

Ce n’est qu’une fois le préavis exécuté que le salarié est libéré de son contrat. Cependant, certaines obligations pourront continuer à s’appliquer, par exemple, si le contrat contenait une clause de non-concurrence.

La démission ne permettra pas au salarié d’être indemnisé au titre de l’assurance chômage, à moins qu’elle ne soit considérée comme légitime. En effet, dans certains cas la démission sera considérée comme légitime et permettra au salarié démissionnaire de bénéficier malgré tout de l’indemnisation au titre de l’assurance chômage. Il s’agit des cas suivants : lorsque le conjoint du salarié est appelé à occupé un nouvel emploi et que le couple doit changer de résidence, le mariage ou la conclusion d’un pacte civil de solidarité qui entraine le changement de résidence, le changement de résidence des parents d’un salarié qui serait âgé de moins de 18 ans, la rupture de certains contrats (contrat initiative emploi, contrat accompagnement dans l’emploi, contrat d’avenir et tout autre formation qualifiante au sens de la loi.) pour un autre contrat à durée indéterminée ou un contrat à durée déterminée de plus de 6 mois. La démission est également légitime dans d’autres situations notamment lorsqu’il s’agit pour le salarié de démissionner par ce que les salaires ne sont pas payés (il faudra engager une procédure de référé avant), si le salarié a été victime d’un acte délictueux à l’occasion de son travail (une plainte devra être déposée), si le salarié déménage pour fuir des violences conjugales (une plainte devra également avoir été déposée auprès du procureur de la République).

Pour le salarié dont la démission est considérée comme illégitime, il pourra tout de même 121 jours, après sa démission soit quatre mois, demander à pouvoir bénéficier des allocations chômage. Il devra remplir les conditions pour l’attribution des droits au chômage (inscription comme demandeur d’emploi, efforts pour retrouver un emploi etc.).

La résiliation judiciaire

La rupture du contrat peut également résulter d’une demande de résiliation judiciaire du salarié. La résiliation judiciaire est utilisée par le salarié qui considère que son employeur a manqué aux obligations que la loi a imposé dans leur relation de travail. Le salarié doit tout d’abord adresser une lettre à son employeur dans laquelle il prend acte de la rupture du contrat de travail. Le salarié devra ensuite saisir le conseil des prud’hommes, à la suite de quoi la rupture prendra les effets, soit d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse, soit d’une démission. Le conseil conclura à une démission lorsque les manquements reprochés à l’employeur par le salarié étaient en réalité infondés, et à l’inverse, il prendra la forme d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse lorsque l’employeur a effectivement manqué à ses obligations envers son salarié.

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