Héritiers - Est-ce obligatoire d'accepter une succession ?




Que l’on soit en présence d’héritier du fait de la loi ou de légataire du fait d’un testament, ceux-ci doivent se prononcer quant à l’avenir de la succession. Dans une succession testamentaire tout comme dans une succession sans testament, les légataires disposent d’une option successorale leur permettant d’accepter ou de refuser la succession. La loi distingue 3 possibilités, qu’elle applique aux successions avec testament et aux successions sans testament. Ainsi, il est possible de renoncer à la succession, ou d’accepter soit à concurrence de l’actif net, soit de manière illimitée.

Tous les héritiers (ou les légataires) disposent de cette option, leur décision est discrétionnaire, elle ne nécessite aucune justification. Cependant, lorsque la succession revient à un mineur non émancipé ou un majeur sous tutelle, l’acceptation ne peut se faire qu’à concurrence de l’actif net. Exceptionnellement, si l’actif est largement supérieur, l’acceptation peut être pure et simple.

L’option successorale est également irrévocable, ce qui signifie que quand bien même de nouvelles dettes apparaitraient après la levée de l’option, le légataire ou l’héritier ne peut pas revenir sur sa décision. Toutefois, il s’agit d’un acte juridique, par conséquent il peut être remis en cause, ainsi l’acceptation peut être invalidée en cas d’erreur, de violence ou de dol.
Le légataire ou l’héritier ne peut refuser une succession avant la mort du testateur, de la même manière accepter une succession avant le décès semble non seulement irréalisable mais également très risqué puisque l’actif et le passif ne sont pas encore connus.

La loi impose un délai de 4 mois à compter de l’ouverture de la succession pour se prononcer. A l’expiration de ce délai, soit personne ne demande à l’héritier de se prononcer et à l’expiration d’un délai de 10 ans il est considéré comme renonçant. Il convient de préciser que lorsque le conjoint survivant a hérité de la jouissance des biens de la succession, ce délai de 10 ans ne court qu’à compter de son décès. Soit l’héritier peut être sommé de se prononcer par un créancier ou par un autre héritier. Dans ce cas, il dispose de 2 mois supplémentaires pour se prononcer, s’il n’en fait rien, il est réputé acceptant pur et simple.

La forme de l’acceptation varie selon l’option successorale choisie. L’héritier qui accepte de manière pur et simple s’engage à payer toutes les dettes du défunt, quand bien même celles-ci seraient largement supérieures à l’actif transmis.

L’acceptation pure et simple est volontaire ou forcée. Lorsqu’elle est volontaire elle peut être expresse, c'est-à-dire qu’elle sera prise par acte notarié ou par acte sous seing privé, l’acceptation peut aussi être tacite, c’est le cas lorsque la personne se comporte comme un héritier. Lorsqu’elle est forcée, l’acceptation peut résulter soit d’un recel, c'est-à-dire la dissimulation d’un bien, d’une dette ou d’un héritier en vu de rompre l’égalité entre tous, soit de l’écoulement du délai comme nous l’avons vu plus haut.

L’acceptation pure et simple a pour effet d’engager l’héritier de manière irrévocable, son patrimoine se confond avec celui du défunt, il ne peut plus refuser de payer les dettes, exception faite du cas où une dette qu’il ignorait au moment de l’acceptation est de nature à porter une grave atteinte à son patrimoine personnel.

L’héritier qui accepte à concurrence de l’actif net se trouve dans une situation moins risquée. Il ne s’engage à payer les dettes de la succession qu’à concurrence de ce qu’il aura retiré en actif. La forme de cette acceptation est plus solennelle. Elle est réalisée au greffe du Tribunal de Grande Instance et fait l’objet d’une publicité. Cette acceptation a pour effet de distinguer deux patrimoines distincts, l’héritier paie dans la limite de ce qu’il aura retiré.

Les légataires que laisse le testateur sont : soit des légataires universels c'est-à-dire qu’ils recueillent la totalité des biens du défunt, exception faite de la part réservée aux héritiers réservataires. Ils sont chacun tenus de payer les dettes à concurrence de ce qu’ils ont obtenus. Soit des légataires particuliers, c'est-à-dire que le défunt leur a légué un bien particulier. Les légataires particuliers ne sont pas tenus au paiement des dettes.

Dès lors, et contrairement aux héritiers qui disposent toujours des trois options successorales, les légataires n’ont pas les mêmes options selon qu’ils sont légataires universels ou particulier. Les légataires particuliers, peuvent uniquement accepter purement et simplement ou renoncer à la succession, tandis que les légataires universels bénéficient des trois options.

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