Le contrat peut-il être révisé par le juge ?




En cas de transformation des circonstances économiques et monétaires qui ont présidé la conclusion du contrat, aboutissant à un déséquilibre rendant le contrat trop onéreux pour une partie, le juge est-il autorisé à réviser le contrat ?

En principe, la mission du juge n’est pas de veiller à l’équilibre des conventions mais de dire le droit. Il n’aura recours à l’équité qu’en cas de silence du contrat. De plus, les parties tiennent compte en général des changements prévisibles qui pourraient affecter leur contrat. Mais il subsiste toujours un aléa.

Le contrat est la loi des parties. Il ne peut pas être modifié que par consentement mutuel ou pour les causes que la loi autorise. Il s’impose au juge et un tribunal ne saurait y porter atteinte. Si c’est la règle en matière judiciaire, le juge administratif admet la révision du contrat pour imprévision. Toutefois, exceptionnellement la loi intervient si une injustice est trop flagrante ou si trop de personnes risquent d’être touchées par la ruine. Ainsi, le Code civil prévoit entre autres, la possibilité de révision d’un contrat de don en faveur du gratifié, si l’exécution des conditions et charges attachées à une donation est devenue, suite à un changement de circonstances, extrêmement difficile ou dommageable pour le donateur.

Les contractants peuvent également prévoir des aménagements en cas de bouleversements économiques à travers notamment des clauses d’indexations et de révisions. Ainsi, les clauses de révision ou de « Hardship » mettent en place une obligation de renégociation du contrat à la charge des parties en cas de changement de circonstances postérieure à la conclusion du contrat. Les parties ne sont pas tenues de trouver un accord mais doivent rester de bonne foi. Si elles n’arrivent pas à trouver d’accord en raison de la mauvaise foi d’une partie, la responsabilité contractuelle de celle-ci peut être engagée. Parfois, les parties prévoient que si les négociations n’aboutissent pas, le contrat peut être résilié. Les clauses d’indexation ou « d’échelle mobile » font quant à elles varier le prix du contrat en fonction d’un indice de référence. Ces clauses jouent automatiquement, sans renégociation ou accord des parties.

Pour ce qui est de la révision judiciaire, en principe elle n’est pas admise sauf s’il s’agit de réduire des honoraires des mandataires ou des contrats de prestation de services (architecture, experts-comptables, médecins, généalogistes…) lorsqu’ils sont excessifs. Le juge peut aussi introduire, à l’occasion de l’interprétation du contrat, des obligations auxquelles les parties n’avaient pas souscrites telles que l’obligation de sécurité ou encore une obligation de renseignement.

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