Qu'est-ce qu'un secret de fabrique ?




Tout d’abord, les secrets de fabrique sont admis comme étant tout moyen de fabrication, volontairement caché aux concurrents, qui offre un intérêt pratique et commercial, mis en usage dans une industrie. L’intérêt pratique et commercial est ici protégé, il faut donc qu’il existe dans les faits. De plus, le secret n’a plus à être absolu car la jurisprudence admet son existence, quand un faible nombre de personnes le savent. Toutefois, il ne doit pas être à la portée de tous les professionnels dans le secteur, sinon il ne méritera pas d’être juridiquement protégé. Cette définition vise uniquement les procédés de fabrication et exclut donc les autres savoir-faire intervenant en aval par exemple, au stade de la commercialisation. Ce savoir-faire commercial sera protégé par d’autres biais, selon que l’on soit dans une situation contractuelle ou non, en présence de propriétés intellectuelles, de responsabilités (action en concurrence déloyale notamment). Il appartient aux juges de déterminer s’il y a secret de fabrique ou non.

En outre, le secret de fabrique est protégé sur le terrain pénal. En effet, le fait, par tout directeur ou salarié d'une entreprise où il est employé, de révéler ou de tenter de révéler un secret de fabrique (à autrui) est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Le tribunal peut également prononcer, à titre de peine complémentaire, pour une durée de cinq ans au plus, l'interdiction des droits civiques, civils et de famille. Cette incrimination ne vise donc pas l’usage personnel du secret de fabrique par les personnes visées, c’est la circulation de l’information qui est punissable. Par ailleurs, lorsque les personnes informées du secret de fabrique sont tenues au secret ou à la confidentialité, l’atteinte au secret de fabrique ne saurait être constituée. Il en est de même pour la révélation du secret à des personnes qui doivent le mettre en pratique. L’interprétation stricte du droit pénal exonère également le secret aux personnes non salariées ou n’exerçant pas de fonctions de direction au sein de l’entreprise considérée. Ainsi, les prestataires, sous-traitants, intérimaires… n’encourent pas cette sanction. Toutefois, il est hautement probable que d’autres mécanismes, notamment contractuels aient été prévus par l’entreprise afin de préserver son secret (clauses de secret ou de confidentialité par exemple). Toutefois, cette interprétation stricte vise évidemment l’ancien salarié. L’élément intentionnel en droit pénal est requis, donc il faut que l’employeur victime puisse prouver l’intention de nuire du divulguant par tous moyens de preuve. Ainsi, il faut que celui-ci ait suffisamment informé ses salariés du caractère de secret car à défaut de connaissance du salarié, il ne saurait avoir une intention coupable. Le titulaire du secret doit donc avoir une attitude proactive et prendre soin d’informer du caractère de secret des procédés de fabrication.

Comme nous sommes en matière pénale, la complicité est punissable. La complicité est le fait de participer à la réalisation d’un crime ou d’un délit, quelque soit le moment de cette participation. La complicité est très sévèrement punie car le complice est puni comme l’auteur de l’infraction, c’est-à-dire comme s’il avait été seul à commettre l’infraction.

Il ne faut pas oublier qu’en présence d’un contrat de travail, le salarié qui révèle des secrets peut être licencié pour faute grave. La faute grave prive le salarié de la possibilité de rester dans l’entreprise pendant la durée du préavis et n’a pas droit à son indemnité de licenciement. Toutefois, il conserve son droit aux congés payés. Le plus délicat pour l’employeur est d’apporter la preuve de cette faute grave devant les Prud’hommes.

De plus, il est à noter que la révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession (avocat, médecin), soit en raison d'une fonction ou d'une mission temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Il demeure que le secret de fabrique peut être protégé par l’action civile en concurrence déloyale, fondée sur les principes de responsabilité de droit commun, qui suppose la réunion d’une faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité entre les deux premiers éléments.

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