Le droit de préemption du locataire en cas de vente en bloc de l'immeuble où il réside




Dans un souci de protection des locataires, le législateur a institué un droit de préemption à leur profit qui s’exerce dans le cas de la vente, dans sa totalité et en une fois, de l’immeuble dans lequel ils résident et qui comporte plus de dix logements. Quatre conditions doivent être réunies pour que l’on puisse exercer ce droit de préférence : il est nécessaire que l’on soit en présence d’un immeuble comportant plus de dix logements, celui-ci doit ensuite faire l’objet d’une vente en totalité et en une seule fois, il doit s’agir d’un immeuble à usage d’habitation ou à usage mixte (habitation et professionnel) et l’acquéreur doit avoir fait état de son refus de proroger les baux d’habitation en cours. La situation dans laquelle joue ce droit de préemption est donc la suivant : les locataires d’un immeuble voient, en cours de bail, leur immeuble de plus de dix logements mis en vente, en totalité et en une seule fois, à une personne qui refuse de proroger les baux en cours pendant six ans. Ce n’est que dans cette situation bien précise qu’ils pourront exercer leur droit de préemption.

Ce droit de préemption est donc quelque peu différent des autres forme de droit de préemption dont disposent les locataires quant à l’immeuble qu’ils occupent. En effet, dans ce cas précis les locataires ne pourront faire valoir leur droit de préemption que si le futur acquéreur de l’immeuble a refusé de proroger les baux en cours pour une durée au minimum de six ans à compter de la vente. Ce droit de préemption est donc différent de celui dont disposent les locataires en fin de bail ou de celui qu’ils peuvent exercer en cours de bail lorsque le propriétaire souhaite vendre son immeuble appartement par appartement. En effet, dans ces deux situations les locataires de l’immeuble sont prioritaires, une proposition faite à un tiers avant eux pourrait être annulée. Mais dans le cas où l’immeuble est vendu en une seule fois et qu’il comporte plus de dix logements, l’offre de vente pourra être adressée à un tiers avant les occupants, ce n’est que si celui-ci refuse de reconduire les baux que les locataires pourront exercer leur droit de préemption.

Ce droit de préemption ne pourra pas être appliqué dans quatre situations : si l’immeuble objet de la vente comporte dix logements ou moins ; si l’acquéreur de l’immeuble accepte de proroger les baux en cours (la prorogation est de six ans) ; si la commune décide elle-même d’exercer son droit de préemption ou en encore si le propriétaire décide de vendre à l’un de ses parents ou alliés jusqu’au quatrième degré.

Avant d’envisager une vente à ses locataires ou à un tiers, et à condition qu’il n’ait pas déjà adressé à la mairie une déclaration d’intention d’aliéner, le bailleur devra communiquer à la mairie du lieu où est situé l’immeuble, le prix ainsi que les conditions auxquelles il souhaite vendre (vente en totalité et en une seule fois). Si elle le souhaite, la commune pourra préempter, c'est-à-dire exercer son droit d’achat en priorité. Le but est d’assurer le maintien dans les lieux des locataires. C’est donc en principe toujours à la mairie qu’il faut s’adresser en premier lieu. Seule exception qui permette d’écarter la commune, c’est que la vente se fasse entre parents ou alliés jusqu’au quatrième degré inclus. Dans cette hypothèse, la mairie ne pourra pas faire jouer son droit de préemption.

Si la commune n’exerce pas son droit de préemption, le bailleur pourra alors s’adresser à ses locataires pour la vente. Il devra envoyer à chacun de ses locataires une lettre recommandée avec accusé de réception, dans laquelle il devra indiquer deux choses : d’une part le prix et les conditions de la vente dans sa totalité et en une seule fois, d’autre part, il devra mentionner le prix et les conditions de la vente pour l’appartement occupé. Certains articles de loi devront également être reproduits, ceci à peine de nullité. Si le locataire n’est pas informé, il pourra demander la nullité de la vente réalisée. La lettre adressée au locataire vaudra offre de vente. Elle devra être accompagnée de différentes informations sur l’état de l’immeuble : un projet de règlement de copropriété, diagnostics techniques établis par un contrôleur indépendant, état des conduites et canalisations, état des équipements communs et des équipements de sécurité. L’offre ainsi faite sera valable quatre mois.

Les locataires ont deux mois, à compter du moment où ils ont fait connaitre leur décision de faire jouer leur droit de préemption, pour réaliser la vente. Ce délai passe à quatre mois s’ils décident de recourir à un emprunt (l’acceptation de l’offre de vente sera soumise à l’obtention du prêt). Il est possible que seuls certains des locataires décident de faire jouer leur droit de préemption. Dans ce cas, l’immeuble est mis en copropriété. Le bailleur pourra vendre aux locataires qui l’ont souhaité. Pour le reste des lots, il pourra s’adresser à des tiers. S’il accorde à ces derniers des conditions de vente ou un prix plus avantageux, il devra cependant faire notifier aux locataires restant ces nouvelles conditions (soit par lettre recommandée, soit par le biais d’un notaire). Ceci afin que ces derniers puissent, s’ils le souhaitent finalement, faire jouer ce droit de préemption subsidiaire. La notification vaudra à nouveau offre de vente et sera tenue pendant un mois. Si les locataires ne sont pas informés, la vente réalisée avec le tiers pourra être annulée. A nouveau, les locataires informés auront un mois pour répondre, s’ils acceptent, ils auront deux mois pour réaliser la vente, quatre lorsqu’un prêt est demandé.

Lorsque la vente est faite à un tiers et que le droit de préemption des locataires ne joue pas, celui-ci doit s’engager, dans l’acte authentique de vente, à proroger les baux d’habitation en cours d’une durée d’au moins six ans.

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