Le droit de préemption du locataire en fin de bail




Le droit de préemption des locataires leur donne la priorité lorsque leur bailleur, propriétaire de l’immeuble, souhaite vendre. Les locataires bénéficient alors d’un droit de préférence à l’achat en vertu de la loi. En réalité, en matière de bail d’habitation ou de bail à usage mixte, c'est-à-dire de bail qui permette à la fois l’usage des locaux en tant qu’habitation et à titre professionnel, il existe différents types de droits de préemption qui peuvent trouver à s’appliquer. On en compte trois. Le premier permet au locataire de bénéficier d’un droit de préférence lorsqu’à l’issue du bail son propriétaire lui donne congé en vue de vendre l’immeuble. Le deuxième, droit de préemption est celui donné au locataire en cas de division de l’immeuble. Enfin le troisième concerne les cas où il s’agit de la vente d’un immeuble à usage d’habitation dans son entier et que celui-ci comporte plus de dix logements.

Le premier donc, est le droit de préemption dont bénéficie le locataire lorsqu’à l’issue du bail le propriétaire lui fait connaitre sa décision de vendre l’immeuble. Ce droit est conféré par la loi, le propriétaire ne peut s’y soustraire. Le locataire sera donc prioritaire sur tous les autres acquéreurs potentiels. La procédure sera la suivante : le propriétaire qui souhaite vendre son immeuble devra, à expiration du bail, adresser une lettre recommandée avec accusé de réception à son ou ses locataires, il peut également choisir de la faire signifier par huissier. Si le bail a été cosigné, dans ce cas le bailleur devra notifier le congé aux deux personnes. S’il s’agit d’un couple marié et que seule l’une des deux personnes a signé le bail, le propriétaire devra adresser son courrier au signataire, il n’est pas obligé de l’adresser au conjoint, l’acte sera tout de même opposable aux deux. Lorsque le propriétaire a des locataires âgés de plus de 70 ans, il ne pourra leur donner congé qu’à la condition de leur trouver un nouveau logement.

Dans la lettre de congé le propriétaire devra indiquer sa décision de vente ainsi que le prix et les conditions auxquelles il souhaite réaliser l’opération. Par ailleurs, la date devra être indiquée et certains articles de loi devront être clairement reproduits. En principe, s’il manque une mention la signification est nulle, toutefois, les juges peuvent ne pas en tenir compte si cela ne porte pas préjudice au locataire (par exemple, si le propriétaire régularise rapidement ou si le locataire fait savoir qu’il ne souhaite pas exercer son droit de préemption). Le propriétaire devra avertir son locataire au moins six mois avant la fin du bail et celui-ci aura six mois à compter de la fin du bail pour quitter les lieux.

La lettre vaudra offre de vente. L’offre sera valable pendant deux mois. Si le locataire ne répond pas avant l’issue des deux mois, il perd son droit de préférence et doit quitter les lieux à l’issue du bail. A l’inverse, s’il accepte, il doit le faire dans le délai de deux mois et envoyer une lettre (recommandée avec avis de réception de préférence) au propriétaire. Ils auront alors deux mois pour faire dresser l’acte de vente. Si l’acte n’est pas réalisé en tant voulu, le locataire perd son droit et l’acceptation de l’offre tombe. Dans le cas où le locataire souhaiterait bénéficier d’un emprunt pour racheter l’immeuble, il devra en informer le propriétaire. Le délai pour dresser l’acte de vente sera alors allongé, il passera de deux à quatre mois.

Ce n’est que lorsque le locataire a refusé de reprendre le bien ou a laissé passer les délais que le propriétaire peut s’adresser à un tiers pour la vente. Si la vente est en voie d’être conclue avec ce tiers et que les conditions de vente sont différentes, le propriétaire devra à nouveau adresser à son locataire une lettre recommandée valant nouvelle offre de vente. Il a un mois pour répondre. Si finalement il souhaite exercer son droit de préemption, il devra en informer le propriétaire par courrier et réaliser la vente dans les deux mois. De la même manière que précédemment, le délai est augmenté de deux mois, soit quatre mois au total si le locataire a recours à un emprunt. A défaut de réponse de la part du locataire, la vente pourra être conclue au profit du tiers.

Il existe deux exceptions pour lesquelles à l’issue du bail le droit de préemption du locataire ne trouvera pas à s’appliquer. Il s’agit du cas où le propriétaire souhaite vendre à un proche parent, dans ce cas celui-ci est prioritaire. Seuls les parents jusqu’au troisième degré inclus sont concernés. La seconde exception concerne le cas où l’immeuble devient inhabitable, insalubre ou déclaré en péril.

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