Qu'est ce qu'un nantissement ?




Le nantissement est l’acte par lequel un débiteur décide de remettre à son créancier un bien incorporel en garantie de sa créance. La définition est donc identique à celle du gage à ceci près que le gage porte sur les biens corporels, tandis que le nantissement concerne les biens meubles incorporels. Le nantissement ne porte pas sur les biens immobiliers. Le nantissement est souvent utilisé pour garantir un prêt immobilier. L’établissement de prêt propose alors à l’emprunteur de nantir certains placements financiers (comme le contrat d’assurance vie par exemple) afin d’apporter une garantie à l’opération. Une somme équivalente à l’emprunt est alors bloquée en cas d’impayé. Si le placement n’offre pas une garantie suffisante, eu égard aux montant de l’emprunt, le prêteur pourra demander d’autres garantie (comme une hypothèque par exemple). On distingue généralement le nantissement judiciaire du nantissement conventionnel. Le nantissement judiciaire est régi par les règles de procédure civile d’exécution tandis que le nantissement conventionnel est encadré par les articles du code civil traitant des sûretés sur les meubles.

• Le nantissement conventionnel

Le nantissement conventionnel porte sur des créances qui peuvent être présentes ou futures. Pour être valable l’engagement doit répondre à certaines conditions. Tout d’abord, le propriétaire du bien doit avoir la capacité de l’aliéner. L’engagement doit toujours être constaté par écrit, le nantissement prendra effet à compter de la date à laquelle cet acte est réalisé. Cet écrit peut être sous seing privé ou réalisé par acte authentique, mais il devra être enregistré. L’acte doit toujours être signé par les deux parties, le constituant et le bénéficiaire. L’acte de nantissement d’un fond de commerce doit être déposé au greffe du tribunal de commerce sous peine de nullité, dans les quinze jours de sa réalisation. Le nantissement de créance peut être constitué pour une période déterminée, dans ce cas, celle-ci sera précisée dans l’acte de nantissement.

Le propriétaire du bien nantis en conserve l’administration et la gestion. Il bénéficie également d’un droit de préférence et de suite. Le droit de préférence lui donne la possibilité, lorsque son débiteur ne le rembourse pas comme convenu, à faire procéder à la vente du bien. Il pourra alors se faire payer avec la somme obtenue par préférence aux autres créanciers chirographaires. D’autres créanciers du débiteur peuvent cependant avoir des privilèges prioritaires sur le sien, dans ce cas, il ne sera payé qu’après eux. Par exemple, le fisc prime sur tous les autres créanciers. A la différence du créancier gagiste, le créancier qui bénéficie d’un nantissement ne peut pas demander à ce que le bien lui soit attribué. Le créancier dispose également d’un droit de suite qui lui permet de suivre le bien en quelques mains qu’il passe. Ainsi, il pourra exercer son droit à l’encontre de la personne qui aura acquis le bien de son débiteur.

Pendant tout le temps ou le bien est nanti, le débiteur garde la possibilité de l’utiliser. Certaines opérations lui seront toutefois interdites. Ainsi, il ne pourra pas vendre le bien sans que le créancier ait lui-même donné son accord, à défaut il risquerait des sanctions pénales.

• Le nantissement judiciaire

Un créancier qui ne dispose pas d’un nantissement conventionnel peut, lorsqu’il existe des risques que sa créance ne soit pas recouvrée, saisir le tribunal afin de demander l’inscription d’un nantissement sur un bien du débiteur. Par opposition au nantissement conventionnel, on parle de nantissement judiciaire. Il ne sera pas nécessaire d’obtenir l’accord du débiteur, il reviendra au tribunal de statuer. Pour qu’il soit fait droit à sa demande, le créancier devra justifier que sa créance est effectivement fondée en son principe et qu’il existe des éléments de nature à faire douter quant à la réalité du recouvrement. Le créancier demandera alors au juge l’autorisation de pratiquer un nantissement. L’inscription ne sera possible qu’une fois que le juge aura donné son autorisation, sauf dans 3 hypothèses : si le créancier dispose d’un titre exécutoire, s’il dispose d’une décision de justice non encore exécutoire, s’il est victime du défaut de paiement d’une lettre de change acceptée, d’un billet à ordre, d’un chèque ou d’un loyer. Lorsqu’il donne son autorisation à l’inscription, le juge rend une ordonnance (il s’agira soit d’un magistrat du tribunal de grande instance, soit d’un magistrat du tribunal de commerce selon la nature de la créance. Par exemple, si le bien nanti est un fond de commerce il faudra s’adresser au tribunal de commerce). Le tribunal compétent sera celui dans le ressort duquel le débiteur à sa résidence.

Avant l’inscription définitive, le juge procèdera d’abord à une inscription provisoire du nantissement, elle devra être réalisée au maximum dans les trois mois qui suivent la remise de l’ordonnance. Ce délai ne s’appliquera pas pour les cas où l’autorisation du juge n’a pas à être demandée. Celle-ci sera notifiée au débiteur dans les huit jours. L’inscription provisoire dure trois ans. Le délai peut être renouvelé, mais au-delà, si le nantissement n’est pas confirmé par une inscription définitive, il devient caduc. Pour l’inscription définitive, elle pourra être prise dans les trois mois qui suivent la notification faite au débiteur lorsque le créancier détenait déjà un titre exécutoire. S’il n’en détenait pas, il devra agir dans les deux mois qui suivent l’inscription provisoire.

Le créancier qui bénéficie d’un nantissement judiciaire dispose des mêmes droits que s’il avait obtenu un nantissement conventionnel.

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