On peut se servir de la durée du comportement pour classer les infractions. Cette durée peut avoir un rapport avec lacte proprement dit. On oppose à cet égard deux types dinfractions, les infractions instantanées et les infractions continues.
Les infractions instantanées. Elles se consomment et prennent fin au même instant. Au moment même où lintéressé parvient à commettre linfraction, celle-ci disparaît. Linfraction ne pourra pas se commettre sur plus dun millième de seconde. Par exemple, le vol consiste à soustraire la chose dautrui, cest une infraction instantanée car au moment même où le coupable soustrait la chose, le vol prend fin. Dans ce cas, il est indifférent que le voleur ait mis du temps pour parvenir jusquà la soustraction. Le meurtre est aussi une infraction instantanée. Une fois que autrui est mort, le meurtre ne se consomme plus.
Les infractions continues. Elles peuvent continuer de se commettre après être apparues, elles peuvent durer un certain temps. Par exemple, la séquestration se commet tant que la personne est privée de sa liberté. Il en est de même pour le recel qui consiste en la détention dune chose que lon sait provenir dune infraction. Le recel commence lorsque lon prend possession de la chose et continu de se commettre tant que lon ne sen nest pas dessaisit.
La distinction peut parfois être difficile. Par exemple pour « la non assistance à personne en péril ». On peut dire que cest une infraction instantanée qui se commet au moment où lon se détourne de la victime mais aussi que cest une infraction continue qui se consomme tant quon naide pas la personne en danger. On peut aussi prendre lexemple de la bigamie qui peut être une infraction instantanée si lon prend en compte le fait de se marier alors quon lest déjà mais aussi une infraction continue puisquon reste marié avec deux personnes en même temps.
Les infractions successives. Ce sont des infractions qui peuvent se commettre plusieurs fois par le même acte, de sorte quil nexiste pas une seule infraction mais autant dinfractions quil y a eu dactes. Elles peuvent être des actes de commission positifs. Par exemple sur lusage de faux, le fait dutiliser plusieurs fois le même faux constitue autant dinfractions que dusages. Ces infractions successives peuvent également être des actes domission. Pour le refus de remettre un enfant à la personne qui en a la garde. Il est prévu que le fait de persister à ne pas remettre lenfant constitue une infraction, à chaque refus de se conformer à une mise en demeure de le faire.
Lintérêt de cette classification est de ne pas se méprendre sur le moment auquel linfraction prend fin, on peut ainsi localiser précisément linfraction dans le temps et dans lespace. De ce fait, on peut connaître la juridiction compétente.
La durée du comportement. Dans le cas dune infraction continue, la juridiction compétente peut être celle du début de linfraction ou celle de la fin. Concernant la localisation dans le temps, cela facilite lapplication de la loi dans le temps. Si une infraction continue commence sous lempire de la loi ancienne mais se termine sous lempire de la loi nouvelle, cette dernière lui est applicable. De plus, en matière de prescription publique, pour les infractions instantanées, la prescription commence à courir au jour où les faits ont été commis. Pour les infractions continues la solution est différente, la prescription de laction publique ne commence à courir quà partir du dernier jour de consommation. En matière de complicité, qui est un acte antérieur ou concomitant à linfraction, il est important de savoir quand linfraction a pris fin, ainsi, quelqu'un qui aide un prisonnier après son évasion nest pas complice de cette évasion. Néanmoins, il arrive que la jurisprudence assimile les infractions instantanées et continues. Elle repousse le point de départ de la prescription à légard de certaines infractions instantanées. Pour celles-ci, la jurisprudence estime que la prescription commence au jour où les faits ont pu être découverts. La solution est appliquée notamment aux infractions occultes, non matériellement visibles, telles que labus de biens sociaux.
Concernant la durée du résultat de l'acte. Il est possible que linfraction ne laisse quun résultat fugace, qui ne se prolonge pas dans le temps. Une fois que linfraction cesse, elle ne laisse persister aucune conséquence. Cest par exemple le cas de la conduite en état divresse, qui, une fois terminée, ne laisse pas de trace. Ces infractions ne portent pas de nom mais on peut les qualifier dinfractions obstacles. Par opposition à celles-ci, il existe des infractions qui laissent des traces même une fois quelles ont pris fin. On peut ici prendre lexemple du meurtre, dont le résultat est permanent. Ces infractions permanentes peuvent être instantanées même si le résultat est permanent mais elles peuvent aussi être continues. Dans ce dernier cas, il est parfois difficile de distinguer la permanence du résultat de la continuité de lacte. Par exemple, lacte de recel est continu car il se consomme tant que la personne détient la chose mais le résultat est le fait que la chose soit dans les mains du receleur.