Quels sont les référés administratifs d'urgence ?




Le référé-suspension

Le référé suspension permet d’obtenir du juge la suspension d’un acte administratif, celui-ci ne produit alors plus d’effet. Les actes administratifs sont des actes qui bénéficient du « principe du préalable », ce principe signifie que même en cas de recours contre un acte administratif, celui-ci continue de produire ses effets. Or, pour éviter certaines conséquences irrémédiables, il peut apparaître nécessaire de suspendre les effets d’un acte. Par exemple, une personne se voit retirer son permis de conduire, or celui-ci lui est indispensable pour poursuivre son activité professionnelle (ce sera par exemple le cas pour un chauffeur de taxi), elle pourra alors envisager de saisir le juge administratif afin que celui-ci suspende temporairement le retrait jusqu’à ce que le fond de l’affaire soit tranché. Toutes les mesures de suspension prononcées dans le cadre d’un référé ne sont que provisoires. Dès qu’un jugement au fond intervient, les mesures cessent.

Pour que le référé soit examiné le demandeur devra réunir certains critères. Tout d’abord, avant la saisine du juge des référés ou au même moment, le demandeur devra avoir saisi le juge administratif afin d’obtenir l’annulation de la décision. La décision ou l’acte administratif contesté ne devra pas avoir été totalement exécuté. Le demandeur devra ensuite justifier de deux critères : il devra établir l’urgence dans laquelle il se trouve. Il y a urgence lorsqu’il existe un risque de préjudice grave et immédiat pour le destinataire de l’acte. Le demandeur doit ensuite démontrer qu’il existe un doute sérieux sur la légalité de l’acte ou de la décision. Cela signifie qu’il existe un ou plusieurs arguments sérieux qui seraient susceptibles de justifier l’annulation de l’acte. Lorsque la suspension est accordée, elle vaut jusqu'à ce qu'une décision statue sur la légalité de l’acte. C’est par ordonnance que le juge des référés accorde ou non la suspension de l’acte administratif. Il peut modifier son ordonnance à tout moment si des éléments nouveaux lui parviennent. L’ordonnance du juge peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat.

Le référé-liberté

Le référé liberté ou référé injonction permet d’assurer la protection des libertés fondamentales. Il est utilisé lorsqu’une personne souhaite obtenir du juge des référés qu’il prenne « toutes mesures nécessaires » afin d’assurer la sauvegarde de libertés fondamentales auxquelles l’administration aurait porté atteinte de manière grave et manifestement illégale. Pour ce type de référé, les intérêts en jeu nécessitent que le juge se prononce dans un très bref délai, généralement dans les 48 heures.

Le demandeur ne verra sa demande de référé examinée que s’il fait la preuve que trois critères sont bien réunis. Il doit tout d’abord justifier de l’urgence, c'est-à-dire, démontrer en quoi une intervention rapide du juge est nécessaire ; il doit ensuite démontrer en quoi il est porté atteinte à une liberté fondamentale et quelle est cette liberté (par exemple, la liberté d’expression, la liberté d’aller et venir etc.) ; enfin le demandeur devra prouver que cette atteinte est grave et manifestement illégale.

Pour protéger les libertés violées, le juge dispose de larges pouvoirs, il pourra prescrire toutes les mesures nécessaires : il pourra par exemple suspendre l’exécution d’une décision, enjoindre l’administration de prendre certaines mesures etc. Le juge se prononce par ordonnance qu’il peut modifier à tout moment lorsque des éléments nouveaux se présentent. L’ordonnance peut faire l’objet d’un appel devant le Conseil d’Etat. Pour exercer un référé liberté il n’est pas obligatoire de constituer avocat : le demandeur peut se présenter et se défendre seul.

Le référé conservatoire ou référé « mesures utiles »

Le référé conservatoire, également appelé référé « mesures utiles » permet à tout justiciable de demander au juge administratif de prendre toutes mesures utiles afin d’empêcher la survenance ou l’aggravation d’une situation qui serait imputable à l’administration. Le juge interviendra alors avant que l’acte dommageable ne se produise. Le requérant pourra par exemple demander au juge d’ordonner à l’administration de communiquer un document.

Lorsque le juge est saisi il se prononce dans un délai compris entre 48 heures et un mois. La contestation n’est possible que par le biais du pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat. Le demandeur devra justifier de certains critères : tout d’abord que la situation justifie une intervention rapide du juge, c’est le critère de l’urgence. Il devra ensuite prouver que la mesure réclamée est bien nécessaire. Dans tous les cas, la mesure qui est demandée au juge des référés ne doit pas venir contredire une décision administrative existante. L’ordonnance rendue par le juge peut être modifiée à tout moment. Lorsque le demandeur souhaite contester la décision du juge, il lui faut se pourvoir en cassation devant le Conseil d’Etat.

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