Les droits fondamentaux reconnus au niveau européen




Les droits fondamentaux ont bénéficié d’une reconnaissance plutôt tardive dans le cadre de l’Union européenne. La raison est simple, cette union était d’abord fondée sur les échanges économiques entre les États et s’est peu à peu transformé en un véritable projet de société commune.

En premier lieu, l’Union européenne a commencé par faire référence à son attachement aux droits fondamentaux tels qu’ils sont reconnus dans la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Par la suite de véritables droits ont émergés. C’est le cas notamment des droits tels que la libre circulation des travailleurs, la libre circulation des citoyens de l’Union, l’interdiction de discrimination en raison de la nationalité/ la race ou l’origine ethnique/ la religion ou les convictions/ un handicap/ l’âge ou l’orientation sexuelle, l’égalité homme femme, l’égalité de rémunération entre les travailleurs masculins et féminins, le droit d’asile, la liberté d’établissement, ou encore le droit au regroupement familial.

Même si dans un premier temps ces droits avaient un but purement économiques, cela a ouvert la porte à la reconnaissance de droits plus classiques tombant ainsi sous la juridiction de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) et le Tribunal de première instance des communautés européennes (TPICE).

Les droits fondamentaux se trouvent aussi garantis par le système de protection institué par la Conseil de l’Europe à travers la Convention européenne des droits de l’homme et son organe la Cour européenne des droits de l’homme. Il s’agit de protéger les individus contre les abus de l’État à travers ses organes. La nouveauté que constitue la CEDH se trouve dans le fait que pour la première fois une personne ordinaire peut invoquer ses droits face à un État devant une juridiction internationale et obtenir des réparations éventuelles.

La convention a une valeur juridique forte. Les règles qu’elle reconnaît sont en effet plus élaborées et plus protectrices. Il y a deux types de droits dans la CEDH. Tout d’abord les droits dits intangibles c'est-à-dire qui ne peuvent faire l’objet de limitation parce que tout être humain par nature en est bénéficiaire. Il s’agit du droit à la vie, l’interdiction de la torture et de traitement inhumains et dégradants, droit à ne pas être soumis à l’esclavage ou à la servitude, principe de non-rétroactivité de la loi pénale (la loi ne vaut que pour l’avenir), et le droit à ne pas être puni ou jugé deux fois pour les mêmes faits.

Ensuite, nous avons les droits dits conditionnels, c'est-à-dire tous les doits restants, qui eux peuvent faire l’objet de limitations mais sous certaines conditions. Il s’agira en fait de prendre en compte la nécessité de protéger l’ordre public ou un intérêt général qui primerait sur l’exercice de certains droits. Ainsi, pour limiter ces droits, les mesures prises par l’État doivent être prévues par une loi (sous entendu publiée au journal officiel afin que toute personne concernée puisse en avoir connaissance et donc que cette limitation soit prévisible). La deuxième condition tient au but poursuivi par cette limitation qui doit être légitime. Ici, l’État dispose d’une assez large marge de manœuvre pour définir ce que contient la notion d’ordre public ou d’intérêt général.

La troisième condition est la nécessité, c'est-à-dire que la mesure de restriction d’un droit doit se justifier par un besoin social impérieux ou par des raisons convaincantes et impératives, tout en étant proportionnée au but poursuivi. Un juste équilibre doit être trouvé entre intérêt général et droits individuels.

Les droits issus de la Convention sont complémentaires aux droits reconnus par les droits nationaux. C’est donc aux autorités françaises d’assurer en premier lieu la protection et la sauvegarde effective des droits fondamentaux. C’est ce qui explique que les recours devant la Cour européenne des droits de l’homme ne peut s’effectuer qu’après épuisement de toutes les voies de recours internes et après un jugement définitif de la juridiction la plus élevée dans l’ordre judiciaire (Cour de Cassation ou Conseil d’État, si la décision est bien définitive, c'est-à-dire sans renvoi). Les États ont l’obligation d’appliquer les décisions de la Cour et cela sous peine de sanctions du Conseil de l’Europe. Les décisions sont généralement très suivies et le système fonctionne assez bien.

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