Le code pénal vise la remise de fonds, de valeurs ou dun bien quelconque. La formule ne nous est pas inconnue puisque nous avons déjà eu loccasion de la rencontrer lors de létude de lextorsion. On se souvient ainsi que les termes "fonds" désignent largent, les billets de banque, la monnaie métallique, les chèques et autres effets de commerce et les "valeurs" désignent tout objet ou denrée qui ont une valeur marchande (or, bijoux). Quant à lexpression "bien quelconque", on a déjà eu loccasion den souligner la largesse lors de létude de lescroquerie. Lexpression désigne aussi bien des biens corporels, tels des marchandises, des écrits opérant obligation ou décharge, du matériel informatique ou encore un fichier de clientèle, que des biens incorporels cest-à-dire des biens dématérialisés. Par exemple, a été jugé coupable dabus de confiance le président dune entreprise de vente par correspondance qui avait conservé le numéro de la carte de crédit fourni par un client en vue du règlement dune précédente commande et qui lavait utilisé pour régler des frais personnels : ici lobjet de la remise est un bien incorporel puisquil sagit du numéro dune carte de crédit. Se rend pareillement coupable dabus de confiance le salarié qui détourne lusage de la carte de crédit de lentreprise pour payer lessence quil utilise personnellement ou qui utilise à des fins personnelles un ordinateur et la connexion internet mis à sa disposition au titre de son activité professionnelle .
En revanche, les immeubles sont exclus du domaine de labus de confiance. Le fait, après avoir obtenu le prêt dune chambre pour un week-end, de refuser de restituer les clefs et de se maintenir dans les lieux, ne constitue donc pas un abus de confiance. Le bien remis doit donc nécessairement être une chose mobilière ou mobilisée.
En outre, à la différence du vol mais conformément à lescroquerie, labus de confiance ne peut pas porter sur un bien sans valeur, telle une simple lettre missive dépourvu de toute valeur juridique ou financière. Il faut donc nécessairement que le titre ait une valeur patrimoniale ou soit appréciable en argent. Cette exclusion des biens sans valeur sexplique par le fait que le Code pénal précise que le détournement doit être commis au préjudice dautrui, même si, comme nous le verrons lors de létude des éléments constitutifs de linfraction, la jurisprudence ne se montre pas très exigeante sur ce point.