Qui dispose des droits sur les inventions des salariés




Il existe des dispositions particulières lorsque l’inventeur est un salarié. Dans certaines hypothèses, les droits sur l’invention appartiendront au salarié, et dans d’autres, à l’employeur. Les conventions collectives ou les contrats peuvent prévoir d’autres règles. Elles ne pourront s’appliquer que si elles sont favorables aux salariés. Il y a trois sortes d’invention de salariés. On applique un régime spécifique pour chacune de ces catégories.

Première catégorie : les inventions de mission. Le salarié crée une invention dans l’exécution de son contrat de travail (mission inventive permanente) ou à l’occasion d’études ou de recherches ponctuelles (mission inventive occasionnelle). C’est l’employeur qui a ordonné la mission inventive. Il est propriétaire de l’invention. Le salarié pourra être cité comme inventeur. Il aura droit à une contrepartie financière que l’on appelle « rémunération supplémentaire ». Elle est fixée par les conventions collectives, les accords d’entreprise ou les contrats individuels de travail. C’est un salaire qui est soumis à l’impôt sur le revenu.

Deuxième catégorie : les inventions hors mission attribuables. Le salarié crée seul l’invention. Mais, elle a un lien avec l’entreprise. Elle est réalisée soit dans l’exécution du contrat de travail, soit en dehors des fonctions mais grâce aux techniques, connaissances et moyens de l’entreprise, soit en dehors de fonctions mais dans le champ d’activité de l’entreprise. Le salarié est propriétaire de l’invention. Cependant, l’employeur peut exercer un droit d’attribution pour que l’invention lui appartienne. Il peut demander l’attribution de tout ou partie de l’invention (propriété de l’invention, bénéficie d’une licence d’exploitation). Lorsque l’employeur demande le droit d’attribution, il doit une contrepartie financière au salarié. On l’appelle le « juste prix ». Il doit être conclu entre l’employeur et le salarié. Ce peut être une somme forfaitaire, un versement proportionnel au chiffre d’affaires occasionné par l’invention, ou les deux. Le juste prix est soumis à l’impôt sur les bénéfices non commerciaux (taux des plus-values à long terme) et à des cotisations sociales.

Troisième catégorie : les inventions hors mission non attribuables. Ce sont les inventions qui ne rentrent pas dans les précédentes catégories. Le salarié crée une invention mais il n’est pas chargé d’une mission inventive et l’invention n’a pas de rapport avec le domaine d’activité de l’entreprise. Le salarié est propriétaire de l’invention. Quelque soit le type d’invention, le salarié doit la déclarer à son employeur. On déterminera ensuite si c’est le salarié ou l’employeur qui a le droit de déposer le brevet. Lorsque plusieurs salariés ont crées l’invention, ils font une déclaration conjointe. Le salarié doit proposer un classement. Ce qui signifie qu’il doit dire à quelle catégorie son invention appartient. Il faut préciser l’objet et les applications de l’invention ainsi que les circonstances dans lesquelles elle a été réalisée. Il faut décrire précisément l’invention.

La déclaration doit être adressée à l’employeur ou à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Pour l’envoi à l’employeur, on conseille une lettre recommandée avec accusé de réception. Pour l’envoi à l’INPI, il existe une l’enveloppe spéciale pour les déclarations d’inventions de salariés. L’INPI remet un numéro d’enregistrement et un accusé de réception au salarié. Il transmet la déclaration à l’employeur. L’employeur et le salarié doivent garder le secret de l’invention jusqu’au dépôt du brevet. L’employeur doit répondre à la déclaration. Il a deux mois pour accepter ou refuser le classement du salarié. En l’absence de réponse, c’est une acceptation. Par ailleurs, il a quatre mois pour exercer le droit d’attribution. Le salarié a le droit d’être cité comme inventeur dans le brevet. Il peut s’y opposer. En cas de litige sur le classement de l’invention ou sur la contrepartie financière due au salarié, il est possible de recourir devant la Commission nationale des inventions de salariés (CNIS) ou devant le juge.

Ces dispositions ne s’appliquent aux stagiaires que s’ils ont signés avec l’entreprise un contrat de travail à l’essai. A défaut, la convention de stage peut préciser que deviendront les inventions. Il y a un régime spécifique pour les agents de l’Etat. Les conditions sont déterminées par décret en Conseil d’Etat. Les universitaires sont aussi concernés.

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