Comment se définit le dommage ?




Pour engager la responsabilité délictuelle il faut un dommage. Il ne faut pas confondre le dommage qui est la lésion subie et le préjudice, qui est la conséquence de la lésion et qui est porté devant le juge. Même si souvent dans la pratique les termes sont synonymes, cette distinction est la condition sine qua non de toute responsabilité.

• Nécessité d'un préjudice

La victime doit prouver l'existence d'un préjudice. La question s’est posée par le passé de savoir si une femme pouvait demander réparation suite au préjudice causé par une erreur médicale qui l’a empêché d’exercer son droit de se faire avorter (un médecin n’a pas détecté une anomalie chez l’enfant ce qui a empêché la mère de se faire avorter, l’enfant étant né avec un handicap). Les juges avaient considéré que la femme avait subit un préjudice du fait que l’enfant était né et qu’elle n’avait pu exercer son droit à mettre un terme à sa grossesse. Cette décision a donné lieu à l’adoption d’une loi en 2002 qui va à l’encontre de la solution de la Cour de Cassation et prévoit notamment que la femme ne peut plus se prévaloir désormais que du préjudice de ne pas avoir pu exercer son droit mais en aucun cas que la naissance de l’enfant représente un préjudice car si le médecin a commis une erreur, celle-ci n’est pas à l’origine du handicap de l’enfant.

• Le préjudice doit être direct et personnel, licite, légitime, présent et certain

Seule la personne qui a personnellement subit le dommage peut en demander réparation. Toutefois, une personne qui subit un préjudice du fait d’une atteinte subit par une autre personne peut aussi demander réparation à la personne à l’origine du dommage. Il s’agit de la victime par ricochet. Il est même admis que la victime par ricochet engage la responsabilité délictuelle de l’auteur du dommage, même si celui-ci était contractuellement lié à la victime directe.

Si la victime directe a commis une faute qui est à l’origine du préjudice de la victime par ricochet, cette dernière peut engager la responsabilité de la victime directe. Les héritiers et ayants droits de la personne qui a subit le dommage (victime directe ou victime par ricochet peuvent exercer l’action en réparation à sa place. Il en est de même pour les proches (personne qui a un lien particulier avec la victime – par exemple un concubin).

Le dommage doit être lié à un fait licite c'est–à–dire non contraire à la loi et aux bonnes mœurs. Une personne exerçant une activité illégale ne peut réclamer la réparation du préjudice issu de la perte de bénéfices de cette activité suite au dommage.

Le dommage doit être présent c'est-à-dire actuel et certain. Il doit avoir une conséquence immédiate et non lointaine. D’autre part, il doit s’être réalisé et la victime doit en avoir la certitude. Si le dommage est actuel il peut être constaté et évalué au moment de la demande de réparation. Il ne peut pas s’agir d’un préjudice futur. Toutefois, cette règle souffre d’exceptions. En effet, les juges admettent que certains dommages aient des conséquences qui apparaissent dans le futur, dès lors qu’il y a de fortes raisons de croire, voir qu’il est certain, que le dommage se réalisera. Si le dommage est éventuel, c'est-à-dire hypothétique, alors il n’est pas considéré comme certain et ne peut donc pas donner lieu à indemnisation. La distinction entre le dommage éventuel et le dommage potentiel relève de l’appréciation souveraine du juge.

Un cas particulier s’est posé, celui de la perte de chance. En principe elle est considéré comme un dommage éventuel et donc non indemnisable. Toutefois, la réparation pour perte de chance peut être octroyée si la chance a réellement existée et que les probabilités de réussite étaient élevées. Plus les chances de réussite sont faibles, plus le préjudice est considéré comme éventuel. De toute manière, si le juge accorde une indemnisation, celle-ci ne constituera qu’une fraction du gain espéré en cas de réussite.

• Le risque de dommage

En matière de trouble anormal du voisinage, un risque peut fonder une action en dommage et intérêts dès lors qu’il est suffisamment sérieux. Par exemple, le risque d’incendie lié au stockage de paille en limite de propriété, à proximité immédiate d’un immeuble d’habitation.

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