Responsabilité du fait des choses : comment déterminer qui le gardien d'une chose ?




En cas de dommage, la personne désignée comme responsable sera le gardien de la chose.
La garde de la chose a été définie comme le fait de disposer sur la chose d’un pouvoir d’usage, de direction et de contrôle. La garde est donc comprise comme le fait de détenir un pouvoir matériel sur la chose. Le gardien est celui qui a une maitrise effective de la chose, et qui par conséquent est le seul à pouvoir empêcher le dommage. L’auteur du dommage doit avoir la volonté d’être le gardien de la chose, la garde doit de ce fait être volontaire. Généralement, le propriétaire de la chose est présumé en être le gardien, puisque c’est lui qui jouit des pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle. Toutefois, il ne s’agit que d’une présomption simple, ce qui signifie que le propriétaire pourra, pour se dégager de toute responsabilité, prouver qu’au moment où le dommage s’est réalisé, la garde de la chose avait été transférée à une autre personne. Lorsqu’il est impossible de déterminer qui est le propriétaire de la chose, la présomption de garde pèse sur l’utilisateur de la chose. Pour établir qu’il y a eu un transfert de la garde il faudra prouver qu’une autre personne que le propriétaire détenait l’usage, le contrôle et la direction de la chose. Ce transfert peut avoir eu lieu par contrat. Il est important de noter que le transfert peut être volontaire ou non. Ce qui signifie qu’en cas de dommage à la suite d’un vol, le propriétaire de la chose pourra se dégager de toute responsabilité en établissant simplement que la chose lui ayant été volée, il a perdu tout pouvoir sur celle-ci. Cependant, les juges n’admettent le transfert de la garde que si la personne qui a reçu la chose a reçu en même temps la possibilité de prévenir elle-même le dommage qui pouvait être causé. En cas de dommage, c’est donc au cas par cas que les juges se prononceront en examinant qu’elle était la personne qui, au moment où la chose est intervenue dans le processus dommageable, en avait la maîtrise.

Lorsque plusieurs personnes exercent sur la chose une certaine maîtrise, c'est-à-dire lorsqu’ils se partagent l’usage, la direction et le contrôle de la chose on les considère comme cogardiennes. En cas de dommage, ces personnes seront toutes responsables et chacune pour la totalité du dommage. C’est ce que l’on qualifie juridiquement de responsabilité in solidum. La victime peut, dans une telle situation, choisir n’importe lequel des cogardiens et exiger de lui réparation. Ce dernier aura toutefois la possibilité de se retourner contre les autres une fois la victime dédommagée.

Cette situation dans laquelle plusieurs personnes sont cogardiennes doit être distinguée de la situation où l’on retrouve un gardien et un préposé. En effet, responsabilité du commettant et préposé s’excluent, cela signifie qu’elles ne peuvent pas être engagées en même temps. De fait, lorsqu’il existe un lien de préposition (par exemple, le comptable salarié d’une société est le préposé de celle-ci), le commettant reste considéré comme le gardien aussi longtemps qu’il dispose des pouvoirs de direction et de contrôle.

On distingue généralement les choses dotées d’un dynamisme propre et dangereux des autres choses qui ne sont pas dangereuses. En présence d’une chose dangereuse, il conviendra de déterminer qui en est le gardien et quel pouvoir a-t-il sur la chose ? Lorsque la chose a causé un dommage du fait de son comportement, c'est-à-dire du fait de son utilisation, c’est le possesseur de la chose qui est tenu pour responsable. En revanche, lorsque c’est la structure de la chose qui est à l’origine du dommage, c’est le fabriquant ou le propriétaire qui est tenu pour responsable. On prend souvent l’exemple célèbre de la bouteille d’oxygène qui explose au moment de la livraison, dans une telle situation, ce n’est pas le transporteur qui est tenu pour responsable, lui qui est gardien du comportement de la chose, mais le fabriquant, gardien de la structure. C’est en ce sens que l’on parle de distinction entre la garde de la structure et la garde du comportement.

Les causes d’exonération de responsabilité pour le gardien

Le régime de la responsabilité du fait des choses est un régime de responsabilité objectif. Ce qui signifie que la responsabilité du gardien pourra être engagée même en l’absence de faute, dès lors que le fait de la chose et sa qualité de gardien sont établis. Dans une telle situation, le gardien de la chose pourra difficilement s’exonérer de sa responsabilité, seule possibilité, prouver qu’une cause étrangère est à l’origine du dommage. Il n’existe que trois causes d’exonération possibles. La force majeure est la première. Elle représente un évènement imprévisible et irrésistible, on ajoute parfois le critère de l’extériorité, c'est-à-dire que le fait doit être extérieur au gardien. Le fait d’un tiers est également une cause possible d’exonération de responsabilité lorsqu’elle remplit les conditions de la force majeure, à savoir, un évènement imprévisible et irrésistible (qu’on ne pouvait éviter). Lorsque l’on est en présence d’un fait d’un tiers mais que celui-ci ne rempli pas toutes les conditions de la force majeure, il est tout de même possible pour le gardien de bénéficier d’une exonération partielle de responsabilité. Ainsi, dans une telle situation, le gardien devra d’abord répondre de l’intégralité du dommage puis il pourra éventuellement se retourner contre le tiers responsable afin de lui réclamer sa part. Enfin, dernière cause d’exonération possible, la faute de la victime. En effet, lorsque la victime est elle-même la cause du dommage, le gardien pourra se dégager de sa responsabilité. Il faudra toutefois établir que la faute de la victime remplit bien les conditions de la force majeure. Si tel n’est pas le cas, à nouveau, une exonération partielle de responsabilité pour le gardien sera possible.

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